Terminer en beauté

La France veut sa troisième place

La déception de l’élimination en demi-finale du Mondial allemand passée, l’Equipe de France féminine se tourne à présent vers la « petite finale » programmée cet après-midi à 17h30, contre la Suède à Sinsheim. Avec un objectif bien évidemment défini, finir sur la troisième marche du podium de cette Coupe du Monde 2011 historique pour les Bleues, et ainsi rapporter la médaille de bronze à la maison. Au placard donc, les regrets de n’avoir pas montré le vrai visage de cette formation ambitieuse, mercredi face aux Etats-Unis en demi. Aux oubliettes les idées noires issues de cette cruelle défaite trois buts à un, concédée dans les derniers instants du match. Et place maintenant à la vraie philosophie de ce groupe uni, de ce sélectionneur si charismatique qu’est Bruno Bini, le jeu. Car désormais, ces filles-là n’ont plus rien à perdre, bien au contraire. Elles ont montré qu’elles pouvaient se dépasser, retourner une situation mal embarquée, comme face à l’Angleterre en quarts, et ainsi faire preuve d’un caractère sans faille. Alors oui les Américaines étaient au-dessus, oui elles ont été opportunistes et réalistes, et oui c’est elles qui vont disputer au Japon le titre suprême. Seulement la France n’a pas à rougir de son parcours, et doit se dire qu’au contraire, le football féminin dans l’Hexagone a de l’avenir.


Certes, les Soubeyrand, Sapowicz, Bompastor et Georges vont un jour passer le relais, et n’auront peut-être pas l’occasion de rejouer une phase finale de Coupe du Monde. Certes l’EDF va devoir renouveler son visage pour affronter les prochaines échéances internationales. Mais franchement, quand on voit le talent qu’ont démontré Louisa Nécib, en course pour être élue meilleure joueuse de la compétition, Marie-Laure Delie, incroyablement efficace devant le but, Eugénie Le Sommer, pétrie de pugnacité, et Wendie Renard notamment, qui tient les reines de la future défense des filles du « grand Bruno », on ne peut que se réjouir de l’avenir de cette sélection. D’autant qu’avec l’impulsion que l’OL Féminin, Juvisy, le PSG et Montpellier entre autre, ont donné à la discipline chez les femmes, on ne peut que rêver d’une Equipe de France sur le toit du monde. Mais avant cela, il faudra prouver que ce groupe vaut bien plus qu’une place de quatrième, au pied du podium. Il faudra prouver que les remplaçantes, probablement alignées par le coach tricolore, en veulent autant voire plus que les titulaires. Et enfin, il faudra prouver que ce fameux sorcier, Bruno Bini, a eu raison de croire en cette équipe.


Car SES filles sont simples, solidaires, parfois rêveuses, mais toujours professionnelles. En effet, pas de problèmes d’accès aux supporters, ont émaillé le parcours allemand des partenaires de Camille Abily. Pas de soucis d’égos non plus, ni de conflits intra-joueuses. Non, cette famille « vit bien », comme il est si banal de le dire, et elle le revendique. Avis aux amateurs… masculins. Bref, la France entière doit maintenant pousser cette sélection de charme, à se surpasser, en venant à bout de la Suède, habituée des grands rendez-vous. D’autant qu’en face, hormis une formation expérimentée à ce niveau, et toujours performante, il y a avant tout une attaquante que les Lyonnaises connaissent bien. Nous voulons bien sûr parler de Lotta Schelin, avant centre titulaire à l’OL, et grande contributrice du succès du club cette saison en Ligue des Champions féminine, jusqu’à la finale remportée devant le Turbine Potsdam. Corinne Franco, Laura Georges, Sonia Bompastor, Wendie Renard et Sabrina Viguier le savent, leur amie de tous les jours ne leur fera pas de cadeaux. Traduction, attention à ne pas laisser trop d’espace à la « grande Lotta », qui se fera un plaisir de coiffer au poteau ses coéquipières rhodaniennes si elle en a l’occasion.


Mais de toute manière, on le dit très souvent, pour gagner, il faut faire tomber les meilleures formations. Et nul doute que Bruno Bini a du préparer en douceur ses joueuses, pour un combat qui s’annonce rugueux, avec une formation scandinave très compliquée à manœuvrer. De plus, les deux équipes, même fières de leurs parcours respectifs, semblent aborder cette ultime rencontre du Mondial allemand avec un esprit revanchard. Comme pour oublier les défaites face aux Etats-Unis pour la France, et contre le Japon pour les Suédoises. Une revanche également pour les filles qui n’ont pas ou très peu joué dans cette compétition, et qui auront certainement envie de montrer qu’elles aussi avaient leur place dans l’équipe titulaire. En tout cas, on attend de cette rencontre qu’elle soit l’aboutissement logique, d’un tel parcours réalisé par la France, plein d’audace, de sérieux et en même temps de fantaisie. On attend de ce rendez-vous, qu’il soit une fête, en l’honneur de l’événement qui s’achève, et à hauteur de l’effervescence montrée par les supporters allemands notamment, venus très nombreux dans les travées des stades locaux, pour assister aux différentes joutes de cette Coupe du Monde. Alors mesdames s’il vous plaît, faites-nous rêver une dernière fois !!!

Damien Chédeville



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