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FastFoot
28 mars 2013

Monaco sous le joug de l’hypocrisie

Une remontée qui fait du bruit

Alors que l’AS Monaco FC de Claudio Ranieri, leader de Ligue 2, s’apprête à en découdre lundi soir face à son dauphin le FC Nantes à la Beaujoire pour un choc qui fleure bon la Ligue 1, la polémique enfle autour du club du Rocher, menacé par la Ligue de Football Professionnel (LFP) de déplacer son siège en France. En effet, alors que certains présidents de clubs français commençaient à ressortir le dossier des avantages fiscaux en Principauté, voyant que l’institution azuréenne était en bonne voie pour retrouver l’élite, la Ligue a emboité directement le pas en faisant passer en douce une modification de ses règlements. Ainsi, sans solliciter à aucun moment les nouveaux dirigeants monégasques et notamment le propriétaire, Mr Dmitry Rybolovlev et son nouveau bras droit, l’ancien président Jean-Louis Campora, afin de leur faire part des intentions qui étaient celles du conseil d’administration de la LFP, ce dernier a fait passé le jeudi 21 mars dernier un nouveau statut qui menace directement l’AS Monaco FC. Dans le détail de ce point de règlement, il est précisé que chaque club évoluant dans le championnat français a désormais l’obligation d’installer son siège de direction en France. Sous-entendu, « il y en a assez de voir l’ASM profiter d’un privilège - qui n’en est d’ailleurs pas un - par rapport aux autres clubs hexagonaux ». Mesure qui par ailleurs, devra s’appliquer au plus tard en date du 1er juin 2014, sous peine que la formation azuréenne soit tout bonnement exclue de toute compétition sur le sol français. Inutile de préciser que la direction asémiste a répondu à cette décision quelques heures seulement après sa publication dans les médias, en faisant part de son plus grand étonnement, notamment du fait de l’absence de consultation au préalable, du club intéressé au plus haut point.

Frédéric Thiriez
Dans la foulée, c’est même le gouvernement princier, en d’autres termes SAS le Prince Albert II, qui part le biais d’un communiqué publié sur le site internet de l’ASMFC, a réagit à cette « décision lourde de conséquence ». Tout en précisant, et à juste titre, que Monaco a toujours été un ambassadeur de premier choix pour le championnat de France, ainsi qu’un formidable vivier de talents tricolores, dont quelques futurs champions du Monde. Ainsi, il n’est pas dénué de sens de rappeler que le club du Rocher a tout de même remporté 7 titres de champion de France dans son histoire, auxquels il faut ajouter cinq coupes de France, une coupe de la Ligue et quatre trophées des champions. A cela il faut ajouter les internationaux tricolores qui ont été formé à l’AS Monaco dont quatre champions du Monde 1998 et champions d’Europe en 2000, rien que ça, avec Lilian Thuram, Emmanuel Petit, David Trezeguet et Thierry Henry. Preuve que la Principauté a toujours honoré la chance qui était la sienne, de pouvoir s’illustrer dans les compétitions françaises, ainsi qu’au niveau de la formation de jeunes et grands espoirs tricolores. Et aujourd’hui, alors que l’institution est passée très près du gouffre avec cette descente en Ligue 2 en 2011, avant de voir le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev reprendre le flambeau et donner de nouveau des perspectives d’avenir au club, le football français veut contraindre l’AS Monaco à déplacer son siège en France. A croire qu’on a atteint comble de l’hypocrisie, alors même que personne ne se souciait du sort de l’ASMFC lorsque cette dernière touchait le fond avec la dernière relégation.

Direction ASMFC
Mais c’est bien connu de toute façon, en France lorsqu’on ne réussit pas quelque chose, on cherche toujours une excuse chez le voisin, comme pour pouvoir se déculpabiliser d’avoir fait de mauvais choix. Entendons-nous bien, il est évident que l’exonération fiscale dont bénéficie l’AS Monaco sur les contrats des joueurs étrangers, a contrario des autres clubs français, tous soumis à une imposition stricte, n’a pas de sens, dans la mesure où elle soulève un problème criant d’inéquité. Mais de là à nous faire croire que parce que le septuple champion de France changera son siège de localité, le football français se portera d’autant mieux, on frise le ridicule. Car bien au-delà d’une hypothétique réforme fiscale qu’il faudrait engager pour remettre tous les clubs au même niveau, cette décision de la LFP tend à modifier considérablement les relations économiques entre la France et la Principauté de Monaco, non pas simplement au niveau du football, mais de manière générale dans tous corps de métiers. Ainsi, on ne compte plus le nombre de résidents des Alpes Maritimes qui travaillent tous les jours à Monaco dans les hôtels, les agences immobilières, dans l’évènementiel… Sans dépasser le cadre du football qui nous intéresse évidemment dans cet article, on comprend bien qu’une telle modification de règlement de la part de la Ligue, entrainerait des dommages collatéraux insoupçonnés. C’est d’ailleurs pour cela que le gouvernement princier s’est empressé de réagir à ce que l’on pourrait appeler une « tentative de déstabilisation du club du Rocher. Car si demain la direction de l’AS Monaco FC décide de ne pas répondre favorablement aux obligations qui seront désormais les siennes, les supputations iront bon train quant à un probable transfert dans le championnat italien par exemple.

Jean-Louis Campora
Une idée qui dépasse l’entendement, mais qui n’a pourtant pas l’air d’avoir effleuré l’esprit des membres du conseil d’administration de la Ligue, Frédéric Thiriez son président en tête, qui ne font par ce procédé assez lâche, que se transformer en chiens de garde des pauvres présidents de clubs français mal gérés. En tout cas, si l’arrivée des Qataris au Paris Saint-Germain n’a semble-t-il, pas heurté grand monde dans le paysage de la Ligue 1, qui s’est par ailleurs targué de voir ses droits télévisuels augmenter ostensiblement grâce à l’arrivée sur le marché de BeIn Sport, le sort de l’AS Monaco ne semble pas en être de même. L’Hypocrisie ambiante, bien dirigée par des chefs de fil tels que Vincent Labrune le président marseillais, un apparatchik de la première heure, aura donc peut-être raison d’un historique, d’un monument du championnat de France. Mais en attendant, le club de la Principauté ne se laissera pas faire et il l’a bien fait savoir, par la voix de son vice-président Jean-Louis Campora entre autre. La bataille juridique ne fait même que commencer entre la Ligue et l’AS Monaco FC, qui entend défendre ses droits et faire valoir son passé d’ambassadeur du football français devant les instances compétentes. En espérant que la raison triomphe de la bêtise technocratique et de la jalousie ambiante, pour qu’enfin, l’ASMFC retrouve son lustre d’en temps dans l’élite hexagonale. C’est dans l’intérêt du club bien sur, mais également de tous les autres institutions du championnat de France, que Monaco puisse de nouveau se battre avec les meilleurs, en France dans un premier temps, mais également à travers l’Europe. Alors une fois pour toute, réfléchir à une équité fiscale oui, mais déménagement du siège et destruction de l’identité non !

Damien Chédeville

 

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Monaco hausse le ton

 
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Les Bleus ont encore du travail

 

Crédits Photos : foot01.com ; asm-fc.com ; lyonpeople.com

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