Montpellier soigne son retour

Les absences comme leitmotiv

Alors que l’on assistait depuis le début de saison à une chute vertigineuse du champion de France en titre, Montpellier, dans le classement de Ligue 1, au point de retrouver les Sudistes à une 18° place au soir de la troisième journée, pour atteindre péniblement le 14° rang au terme du 13° acte, l’élimination des joueurs de René Girard de la Ligue des Champions semble avoir agit comme un électrochoc. Ainsi, après avoir compris que le club héraultais n’aurait aucun avenir dans le Top 16 européen, ni même en repêchage dans la Ligue Europa, les « sales gosses » de l’emblématique président Louis Nicollin se sont du même coup réveillés en Ligue 1. Si bien que depuis le 25 novembre et une 14° journée marquée par un succès à domicile face à Bordeaux (victoire 1-0), les partenaires de Rémy Cabella, révélation du club la saison passée, ont enchainé quatre succès en cinq rencontres de championnat, plus une qualification pour les demi-finales de la coupe de la Ligue. Entretemps, seul le revers immérité à Lyon (défaite 1-0, 15° journée), est venu ternir quelque peu le retour en forme des Languedociens, avant une dernière sortie européenne courageuse devant Schalke 04 à la Mosson (match nul 1-1). Autant dire qu’après avoir longtemps attendu la justification des performances remarquables de l’exercice précédent, au point de croire que Montpellier se résignerait à jouer le maintien cette année, on découvre à nouveau de quoi ce jeune groupe est capable, même sans forcer son talent.

Car on le répète, même si « Loulou » Nicollin le déplore encore aujourd’hui, le MHSC n’a subit qu’un seul départ majeur d’après titre, avec la migration d’Olivier Giroud vers Londres et les Gunners d’Arsène Wenger. Hormis ce transfert, aucune perte n’a ainsi été à déplorer, si ce n’est celle plutôt dommageable de Geoffrey Dernis, en fin de contrat et non prolongé. Bref, on n’attendait pas pour autant que les Montpelliérains brillent en Ligue des Champions, dont on savait que leur participation ne serait qu’éphémère, mais tout de même, la confirmation de ce titre inespéré était espérée. Finalement, il aura fallu attendre quatre mois pour voir jouer enfin l’équipe à qui tout souriait ou presque la saison passée. Gageons que la patience n’aura pas été veine, puisque sur les trois dernières rencontres en Ligue 1, Montpellier a passé pas moins de 9 buts à ses adversaires, soit une moyenne impressionnante de trois buts par match. Les Corses se souviendront d’ailleurs de leur passage à la Mosson puisqu’Ajaccio en a pris trois, avant que Bastia ne fasse un peu mieux samedi soir dernier (défaite 4-0 des Corses). Résultat, avec un duo Cabella/Belhanda retrouvé et un Emmanuel Herrera en pleine ascension, les Sudistes se retrouvent à une neuvième place plus conforme à leur statut, avec seulement trois points de retard sur le top 5. Un renouveau d’autant plus étonnant, qu’en plus d’être tardif, il survient à un moment de la saison où l’infirmerie de désemplie pas au centre d’entraînement de Grammont.

A croire que les joueurs héraultais ont attendu d’être dos au mur, et poursuivis par le virus des forfaits, pour mettre la machine en route. Ainsi, avant d’affronter Bastia et donc de remporter la plus large victoire de sa saison, René Girard s’était résigné à ne pas utiliser Laurent Pionnier, Garry Bocaly, Joris Marveaux, Karim Aït Fana, Benjamin Stambouli et Jamel Saihi tous blessés, tandis que Cyril Jeunechamp était suspendu pour l’occasion. Si bien que des jeunes tels que Ligali dans les buts, Deplagne, Dabo et Martin avaient été appelé en renfort, en plus de Jonathan Tinhan, habitué du groupe professionnel. La preuve que comme Lyon, Montpellier peut compter sur un bon socle de jeunes issus du centre de formation, capables d’évoluer d’entrée en Ligue 1, comme en Ligue des Champions où Jonathan Ligali, le troisième portier sudiste, a eu la chance de débuter face à Schalke 04. Et puis que dire d’un taulier comme Marco Estrada, dépositaire de la relance montpelliéraine et qui s’est magistralement distingué contre Bastia avec un but venu d’ailleurs, une reprise de volée instantanée des 35 mètres ! Ce dernier, titulaire indiscutable depuis deux ans, a formé avec Romain Pitau puis avec le jeune Bryan Dabo, un fabuleux tandem à la récupération, en attendant le futur retour de Jamel Saihi, non moins précieux dans l’entrejeu héraultais. Et ça se ressent puisque devant, l’attaque a retrouvé sa pleine efficacité avec un quatuor Mounier/Belhanda/Herrera/Cabella qui ne s’arrête pas de flamber.

Dernier secteur, et peut-être celui qui inquiétait le plus depuis le début de saison, la défense de Montpellier se porte beaucoup mieux depuis ce retour en forme du collectif. Elle en est d’ailleurs le premier symbole, puisque malgré les absences momentanées de Jourdren et Pionnier, le MHSC n’a encaissé que deux buts sur les cinq derniers matchs de championnats, quand la même arrière garde malgré tout très chamboulée, avait laissé passé 18 réalisations en 13 rencontres. A l’image d’un duo Yanga M’biwa/Hilton retrouvé, ce Montpellier nouveau prouve qu’il a de la ressource, et qu’il a bien mieux à faire, que se battre pour ne pas descendre. Reste à savoir comment René Girard va gérer les départs probables à la coupe d’Afrique des Nations de Belhanda, Saihi, El Kaoutari et Utaka, qui vont faire défaut semble-t-il, au retour en forme de l’équipe dans sa globalité. Pour cela, on a tout de même une petite idée, étant donné que la saison passée, le club héraultais s’était justement servi de cette période pour prendre les devants sur un PSG apathique, et ainsi construire les fondations de son titre de champion de France. A croire que dans le sud, à Montpellier comme à Marseille d’ailleurs, on n’est jamais plus fort que dans l’adversité, et quand les problèmes s’accumulent. Alors oui, le MHSC avait fait un gros complexe post-titre, avec une décompression prévisible de ses meilleurs éléments tel Younès Belhanda, mais aujourd’hui le groupe est sur une pente ascendante, et René Girard compte bien le prouver une nouvelle fois contre Lille, dès samedi après-midi !

Damien Chédeville

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