Ces clubs de L1 menacés par la CAN

La France, fournisseur officiel de l’Afrique

A trois jours du coup d’envoi de la 19° et dernière journée de la première partie de saison en Ligue 1, il convient de faire un bilan des équipes qui vont être touchées après la trêve, par la fuite des internationaux africains à l’occasion de la 29° édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Dans ce cadre, si certaines formations de l’élite se sont félicitées de voir le Cameroun et le Sénégal notamment, passer à côté de la qualification pour cette compétition continentale, la quasi totalité des pensionnaires de Ligue 1 seront de toute façon touchés par des départs importants, et ce dès la première semaine de janvier. Car si la CAN ne débutera que le 19 du premier mois de l’année, pour se terminer le 10 février, les 16 sélections en lice pour le titre, se réuniront logiquement à l’avance pour des stages de préparation. Ainsi, après un décompte exhaustif des internationaux africains évoluant en Ligue 1, susceptible d’être appelés pour la compétition, on estime le nombre de potentiels sélectionnés à une cinquantaine. Ce chiffre reste bien évidemment une estimation, puisqu’il ne tient pas en compte les éventuelles blessures que pourront contracter ces éléments d’ici le coup d’envoi de la coupe, ainsi que les décisions des sélectionneurs en question, qui auront le choix de faire appel ou non à ces joueurs du championnat de France. Cela étant dit, faisons donc le tour des formations qui seront les plus logiquement amoindries par le tournoi dont le tenant du titre n’est autre que la Zambie d’Hervé Renard.

Tout d’abord parmi les équipes les plus faibles et donc les moins bien classées de Ligue 1, on retrouve Ajaccio, qui pourra déplorer jusqu’à quatre départs, concernant Fousseiny Diawara (Mali), Carl Medjani (Algérie), Mehdi Mostefa (Algérie) et Sigamary Diarra. Le club corse dirigé par Alain Orsoni, qui vient tout juste de remercier son entraîneur, Alex Dupont, est au moins autant menacé que Brest, qui risque de perdre Ousmane Coulibaly (Mali), Ahmed Kantari (Maroc), mais également Kamel Chafni (Maroc), l’ancien auxerrois, et Jonathan Ayité (Togo). Evian n’est pas bien mieux loti avec pas moins de six internationaux africains, Brice Dja Djedje (Côte d’Ivoire), Jonathan Mensah (Ghana), Cédric Mongongu (RD Congo), Mohammed Rabiu (Ghana), Saber Khlifa (Tunisie) et Yannick Sagbo (Côte d’Ivoire), dont deux titulaires indiscutables en défense et deux en attaque, rien que ça ! Même punition pour Sochaux, actuellement 18° au classement de L1, et qui est en passe d’être privé de Cédric Kanté (Mali), Yassine Mikari (Tunisie), Thierry Doubaï (Côte d’Ivoire), même si ce dernier n’est pas un international régulier, mais surtout Ryad Boudebouz, le meneur du club doubiste. Enfin, toujours dans la course au maintien, Reims va certainement se voir amputé de quatre éléments, à savoir son gardien Kossi Agassa (Togo), Mohamed Fofana (Mali), Floyd Ayité (Togo) ou encore Kamel Ghilas (Algérie). Autant dire que pour ces cinq clubs (Ajaccio, Brest, Evian, Sochaux et Reims), la lutte pour le maintien va être d’autant plus compliquée.

Seulement, il n’y a pas que peloton des mal classés qui s’apprête à souffrir durant la CAN, car même les concurrents avérés pour l’Europe ne sont pas épargnés. Premier club éminent, concerné par la fuite d’internationaux pour le tournoi africain, l’Olympique de Marseille, actuel membre farouche du trio de tête (3°), et candidat affiché pour la qualification en Ligue des Champions. L’OM va ainsi, et comme en janvier dernier, déplorer l’exil des frères André et Jordan Ayew, cadres de la sélection du Ghana, mais aussi du lieutenant Charles Kaboré (Burkina Faso), dépanneur officiel de l’équipe phocéennes, et probablement de Sénah Mango (Togo). Premier adversaire direct de Marseille, Lyon va pour sa part abandonner Bakary Koné au Burkina Faso, tandis que le jeune Sidy Koné est susceptible de partir avec le Mali. Une perte relative donc, même si en défense centrale, le septuple champion de France ne dispose pas de milliers de solutions derrière Milan Bisevac et Dejan Lovren. Le PSG enfin, favori pour le sacre en fin de saison, ne va pas non plus se plaindre de perdre Siaka Tiéné (Côte d’Ivoire), jamais utilisé cette saison par Carlo Ancelotti et désormais troisième joueur à son poste derrière Maxwell et Armand, ni même Mohamed Sissoko (Mali), plus souvent à l’infirmerie que dans le groupe parisien. Non, hormis l’OM, des équipes qui ambitionnent l’Europe en fin de saison, ce sont surtout Montpellier, Bordeaux, Rennes et Lille qui vont davantage être handicapées.

René Girard sera ainsi privé d’El Kaoutari (Maroc), Jamel Saihi (Tunisie), John Utaka (Nigéria) mais surtout de Younès Belhanda (Maroc), son meneur de jeu. Francis Gillot devra lui laisser partir Fahid Ben Khalfallah avec la Tunisie, mais surement aussi les Maliens Abdou Traoré et Cheick Diabaté, tandis qu’à Rennes, Frédéric Antonetti va probablement perdre Apam (Nigéria) et Boye (Ghana) en défense, tandis que Pitroipa (Burkina Faso) manquera terriblement à l’attaque bretonne, ainsi que le jeune Cheikh Diarra (Mali). Enfin, Lille n’est censé perdre que deux joueurs, mais d’importance, puisqu’il s’agit des ailiers Salomon Kalou (Côte d’Ivoire) et Ryan Mendes (Cap Vert). Une perte qui oblige quasiment le président Michel Seydoux à recruter au mercato d’hiver, s’il veut pouvoir disputer une compétition européenne la saison prochaine. Dans une moindre mesure par le nombre, mais du fait de leur statut de titulaires indiscutables, Toulouse avec Abdennour (Tunisie), Saint-Etienne avec Max-Alain Gradel et Valenciennes avec Foued Kadir risquent de maudire à leur tour la Coupe d’Afrique des Nations. On imagine alors facilement que le débat sur le calendrier international va être remis sur le tapis, quand on sait que les clubs français sont les plus touchés en Europe par la fuite des internationaux africains. Mais après tout, comment reprocher à ces joueurs de défendre les couleurs de leurs nations, dans une compétition mondialement reconnue ? Et puis la CAN est une occasion rêvée pour les jeunes issus de nos centres de formation de se montrer. Enfin, Montpellier a montré la saison passée que l’absence de cadres n’était pas une fatalité, c’est même cette période qui avait été fondatrice dans la conquête du titre !

Damien Chédeville

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