Lille, le joker de luxe

Des arguments à faire valoir

Jour après jour, la reprise de Ligue 1 se rapproche à mesure que les clubs de l’élite terminent leurs préparations et disputent leurs derniers matchs amicaux. Et alors que Lyon vient de remporter, à la surprise générale mais avec beaucoup d’expérience, le trophée des Champions version 2012 face à Montpellier (2-2, 4 tab à 2), le LOSC semble fin prêt à en découdre dans cette nouvelle saison. Le troisième du dernier championnat, orphelin de sa star Eden Hazard, mais renforcé par des éléments de niveau international, comme Marvin Martin ou Salomon Kalou, n’a pas mis ses ambitions de côté. C’est même un euphémisme de le dire, quand on sait que les hommes de Rudi Garcia vont disputer le troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions, pour une éventuelle participation derrière, et en sachant que le Stadium Lille Métropole va ouvrir ses portes le 17 août prochain, au soir de la troisième journée de Ligue 1. Autant d’arguments qui nous font penser que le président Michel Seydoux poursuit durablement sa politique d’expansion d’un club qui se pose comme une des vitrines sportives de la ville de Lille, quatrième plus grande agglomération de France. En effet, il n’était plus vraiment envisageable de continuer à lutter en milieu de tableau ou pour les places d’honneur, alors que les concurrents directs, l’OL, l’OM et maintenant le PSG se sont dotés d’infrastructures et de moyens financiers à la hauteur de leurs ambitions.


Et désormais, même si le LOSC a connu une année plus compliquée que prévu (3° en championnat, pas de titre), après son titre de champion 2011 de Ligue 1, on sent bien la volonté du directoire des Dogues d’installer sur le long terme, le club aux trois sacres en Première Division sur le podium de L1. Chose qui, au moment où les deux olympiques se restructurent avec des objectifs à la baisse, ne paraît pas inaccessible en tout cas pour l’exercice à venir. Ainsi, la philosophie de jeu imprimée par Rudi Garcia depuis son arrivée au club en 2008, qui porte toujours ses fruits malgré les vagues de départs de différents cadres ces dernières saisons, ne donne pas l’impression que Lille regarde vers le bas. Au contraire, le maintien du système préférentiel en 4-3-3, et la sauvegarde de la colonne vertébrale incarnée par Mickaël Landreau, Aurélien Chedjou, Rio Mavuba et Florent Balmont notamment, est signe que le LOSC veut s’inscrire à terme dans le gotha européen. Déjà l’été dernier, Michel Seydoux et Frédéric Paquet, le directeur adjoint administratif et sportif du LOSC, avaient étonné en réussissant l’exploit d’engager l’Anglais Joe Cole sous forme de prêt. Décidément, les Nordistes ont ainsi trouvé en Chelsea un interlocuteur de choix sur le marché des transferts, puisque l’Ivoirien Salomon Kalou, en fin de contrat à Londres, a décidé de s’installer sur la pointe de l’Hexagone.


Une arrivée qui, à l’image du mercato lillois, donne des raisons de croire en la force de cet effectif, taillé pour concurrencer au possible l’ogre PSG. Même si, et c’est finalement légitime de le dire et de le penser, cette équipe parisienne emmenée par un virevoltant Zlatan Ibrahimovic, va être très compliquée à manœuvrer. D’autant que si le LOSC peut toujours rêver à battre les troupes de Carlo Ancelotti en confrontation aller-retour, le championnat lui risque d’être long et éprouvant. Dans cette optique, il faudra trouver un joueur dans le onze de Rudi Garcia, capable de retourner des situations compliquées en toutes circonstances, comme pouvait si bien le faire le belge Eden Hazard ces deux dernières saisons. Surtout lorsque l’on pense que la ligne d’attaque nordiste est la seule qui a connu de nombreux changements ces derniers temps. Cet homme tant espéré, ce pourrait bien être Salomon Kalou, ou bien en position plus basse Marvin Martin, soit les deux recrues phares du mercato lillois. Deux recrues de choix car deux hommes qui ont prouvé dans un passé récent qu’ils pouvaient avoir un impact considérable sur l’animation offensive de leurs clubs respectifs, que ce soit Kalou à Chelsea, champion d’Europe en titre, ou bien son nouveau coéquipier, ex meneur de Sochaux et pensionnaire de l’Equipe de France quart de finaliste du dernier Euro.


Reste à savoir également si Nolan Roux va démontrer enfin toutes ses qualités à la pointe de l’attaque nordiste, car il est évident que pour construire une grande équipe, il faut avant tout avoir un grand buteur. A ce titre, la seule erreur qu’a pu commettre la cellule de recrutement du LOSC ces cinq dernières années, est bien celle d’avoir laissé partir Moussa Sow l’été dernier en Turquie à Fenerbahce. Le meilleur buteur du championnat de France 2010-2011 a en effet laissé beaucoup d’incertitudes trainer derrière lui, alors que le Brésilien De Melo est souvent blessé, et que Jelen, ex lillois, n’a jamais convaincu Rudi Garcia. Aujourd’hui, si Lille veut pouvoir concurrencer les meilleurs, le Paris Saint Germain en tête, gageons que le coach nordiste va devoir s’assurer de la solidité sur la durée de son avant garde, très jeune sur le papier. Car avec la répétition des matchs, et l’enchaînement des différentes compétitions, l’effectif actuel semble tout juste bon, à condition qu’il n’y ait pas de grosses blessures à déplorer. Heureusement pour pallier à cette éventualité, l’institution du nord de l’Hexagone peut se targuer d’avoir un centre de formation performant, qui lui prodigue assez de talents pour suppléer les cadres. C’est là, l’un des seuls avantages que le LOSC possède par rapport au PSG, qui, même avec sa pléiade de stars, va forcément devoir observer une période de rodage. En tout cas, la volonté lilloise de repousser toujours les limites de la compétitivité, à l’image de son dernier match amical remporté face à l’Athletic Bilbao (3-1), montre qu’avec Montpellier notamment, le championnat de France est loin d’être joué d’avance. Tout du moins, pas avant noël !

Damien Chédeville



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