Monaco frappe d’entrée !

Ranieri, le nouveau prince du Rocher

S’il y a une équipe qui était attendue pour le coup d’envoi de la nouvelle saison de Ligue 2, c’est bien l’AS Monaco. Entre les grandes ambitions énoncées par le nouveau propriétaire club, Mr Dmitry Rybolovlev en décembre dernier, et la traduction de ce discours dans les faits, notamment par le biais d’un recrutement ciblé, la pression était en effet palpable du côté du Rocher. D’autant que le rachat du club, avalisé à la mi-saison dernière, n’avait pas permis aux rouges et blancs de remonter directement dans l’élite, un an après la descente historique, la faute à une première partie d’exercice catastrophique. Seulement depuis, beaucoup de choses ont changé sur les bords de la Méditerranée, que ce soit avec la constitution de l’organigramme du club, plus conforme aux destinées de l’ASM, avec l’investissement réalisé en terme de transferts, mais surtout avec la nomination de Claudio Ranieri au poste d’entraineur. Car sans faire injure à son compatriote Marco Simone, débutant en la matière, disons que l’ex patron de l’Inter, de Chelsea, de la Juve et de l’AS Rome entre autre, évolue dans une toute autre catégorie. Il n’y a qu’à voir la préparation physique et tactique qu’ont du subir les joueurs de Monaco en cette intersaison, pour se rendre compte de l’influence que cette arrivée a pu avoir sur la crédibilité du projet azuréen. Bref, les conditions étaient optimums, pour que le groupe rouge et blanc démarre à merveille sa saison 2012-2013.


Et même si l’on n’a pas encore vu (ou très peu) à l’œuvre les têtes d’affiche du mercato d’été monégasque, les Ndinga, Bajrami, Poulsen et autre Ribas, avouons que les espoirs nourris dans la métamorphose du septuple champion de France n’ont pas été trahi. En effet la victoire inaugurale, quatre buts à zéro, décrochée lundi soir devant Tours au Stade Louis II a eu le mérite de réveiller les quelque 5800 spectateurs présents dans l’entre monégasque. Mieux, elle a permis aux coéquipiers de Valère Germain, buteur et passeur décisif, de prendre une bonne dose de confiance, en plus de ravir la tête du classement de Ligue 2 à Auxerre, autre grand club à avoir subi la dure loi de l’élite. Mais plus qu’un succès encourageant, qui ne doit d’ailleurs pas conduire à une euphorie prématurée, cette première sortie de l’ASM new look a été le théâtre d’une vraie démonstration de force du collectif monégasque, avec comme point d’orgue les 14 minutes de la première période qui ont amené les quatre réalisations. Ainsi, entre la 29° minutes de jeu et l’ouverture du score du jeune prometteur Yannick Ferreira-Carrasco, et la 43°, pour le clou du spectacle signé Germain (4-0), les Azuréens ont étouffé une équipe plus spectatrice que dangereuse. Résultat, Monaco semble avoir largement répondu aux attentes, avec un Ranieri semble-t-il très pointilleux, que ce soit en phases offensives ou plus logiquement dans le replacement défensif.


Ce dernier a en effet passé le match entier debout, au bord de sa zone technique, prodiguant à la volée des consignes à des joueurs plutôt réceptifs, en tout cas très disciplinés. Au niveau des grandes satisfactions, on notera ainsi la grosse prestation de la charnière centrale italo-allemande, Raggi/Wolf, très solide dans les duels aériens et sur l’homme, autant que dans la première relance. Au milieu, le duo Mendy/Dumont a prouvé qu’il était plus que crédible dans le onze de départ aligné, exploitant parfaitement les ballons récupérés dans le rond central. Avec une mention spéciale pour l’international espoir tricolore, teigneux tel un Claude Makélélé, face à des adversaires aux gabarits pourtant dissuasifs. Pour ce qui est de l’animation offensive, Yannick Ferreira-Carrasco a crevé l’écran, grâce notamment à un coup franc distillé dans la lucarne adverse pour le premier but monégasque, mais aussi par ses déplacements déroutants dans le camp tourangeau. De bon augure, alors que le centre de formation de l’ASM a rarement sorti autant de pépites en quelques mois seulement. Enfin, l’attaque emmenée par Valére Germain et Ibrahima Touré a tenu toutes ses promesses. Tous deux buteurs, ils ont envoyé un bon signal à leur partenaire Sebastien Ribas, qui devra trimer pour en déloger un. De bon augure si l’on considère que la concurrence dans un effectif, tire le collectif vers le haut.


Voici ce que doit se dire Claudio Ranieri, lui qui n’a pas hésité à écarter Ludovic Giuly, l’éternel lutin du Stade Louis II. Qu’à cela ne tienne, « Ludo » se lancera un dernier défi cette saison avec Lorient, où il vient de signer aujourd’hui mardi, pour une saison. Avant cela, les supporters monégasques et le club dans son ensemble n’avaient pas manqué de saluer l’enfant du Rocher, ovationné avant le coup d’envoi du match lundi soir. Une grosse perte pour l’institution rouge et blanche, mais un formidable point d’orgue à la carrière azuréenne de Giuly, qui aura ainsi marqué une bonne page de l’histoire de l’AS Monaco. Espérons que l’ancien ailier barcelonais assistera au renouveau de son club de cœur, candidat naturel à la remontée en Ligue 1, que Ludo disputera donc avec panache, on en est certains. D’ici là, il y a tout de même 37 matchs à jouer pour l’ASM, qui n’aura pas la tâche facile, étant donné que les Méditerranéens seront attendus sur tous les terrains de l’Hexagone. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas céder trop tôt à l’euphorie ambiante autour du club, après seulement une rencontre de bonne facture. D’autant que les Monégasques le savent mieux que personne, une saison de Ligue 2 c’est long, très long, et les retournements de situation sont aussi nombreux qu’incongrus. Le signe que pour décrocher une place dans l’élite, la ténacité et le mérite prévalent sur la vérité de l’instant et le triomphalisme.

Damien Chédeville



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