Enfin convaincants !

Trois victoires pour l’espoir

Il y a dix jours, l’Equipe de France de Laurent Blanc avait plutôt mal démarré sa préparation à l’Euro ukraino-polonais en s’imposant dans une très grande difficulté face à la modeste Islande (3-2). Jeudi soir dernier, le succès obtenu devant la Serbie à Reims (2-0) venait quelque peu rassurer le staff tricolore, concernant notamment les errements défensifs entrevus auparavant. Mais c’est bien mardi devant l’Estonie, au Mans, que les coéquipiers d’un Karim Benzema « on fire » se sont montrés les plus convaincants (victoire 4-0), même si l’adversaire d’un soir ne ressemblait en aucune manière aux futurs challengers des Bleus en Ukraine. Malgré tout, c’est la première fois depuis le triomphe en Allemagne le 29 février dernier (2-1), que l’Equipe de France se montre à ce point appliquée tout au long du match, en première comme en seconde période. Un constat qui nous pousse à croire que l’équipe alignée face aux Estoniens ressemble fortement à celle qui débutera le championnat d’Europe lundi prochain à Donetsk. Et c’est bien ça l’enseignement principal de cette campagne de préparation, qui a vu Franck Ribéry et Florent Malouda marquer beaucoup de points, alors même que leurs places dans le groupe des 23 étaient contestées, par FastFoot en tête. L’ailier du Bayern Munich a en effet profité des trois oppositions des Bleus pour inscrire 3 buts, après trois ans d’inefficacité sous le maillot de l’EDF.


Tandis que son compère du couloir gauche, replacé au cœur du milieu de terrain par Laurent Blanc, a démontré qu’il pouvait aussi créer dans une position plus reculée, aux côtés de Yohan Cabaye, son pendant sur le flanc droit. Deuxième indication, Alou Diarra a gagné sa place comme sentinelle devant la défense qui ne bougera visiblement plus (Evra/Mexes/Rami/Debuchy), au bénéfice des forfaits pour la première rencontre face à l’Angleterre, de Yann M’Vila le titulaire habituel, et de Blaise Matuidi. Un retour en fanfare pour celui que l’on n’imaginait pas rejoindre Clairefontaine, tellement sa saison a été synonyme de médiocrité. Seulement Laurent Blanc lui a fait confiance dès le premier match face à l’Islande, suite à la blessure de son concurrent numéro, pensionnaire du Stade Rennais, et Diarra lui a bien rendu. Solide, il a redonné quelques gages de confiance, qui plus est dans un secteur où les doutes ne sont toujours levés. Patrice Evra et Philippe Mexes sont ainsi encore loin du niveau où on les attend, tandis qu’Adil Rami monte tout doucement en puissance. Il n’y a finalement que Mathieu Debuchy, toujours aussi entreprenant dans son couloir droit, et Hugo Lloris, très serein sur sa ligne, qui ont réellement convaincus au point de ne pas réfléchir à un plan B.


En tout cas en attaque, le coach tricolore semble avoir trouvé la formule qui lui convient le mieux, en associant Ribéry, Benzema et Nasri. Et ce, même si le Citizen a plutôt tendance à se recentrer, à l’inverse d’un Jérémy Menez ou d’un Hatem Ben Arfa, tous deux relégués au rang de jokers. Maintenant il est certain que les choses peuvent évoluer d’ici lundi, comme Laurent Blanc l’a laissé entendre en conférence de presse d’avant match. « On ne montrera pas tout aux Anglais » avait-il confié, avant que la France ne signe une telle copie, face on le rappelle, à une nation de seconde zone. Mais tout de même, pourquoi ne pas se féliciter d’avoir vu un Benzema inspiré sur sa talonnade vers Ribèry, à l’origine du premier but tricolore, sur son superbe enroulé du pied droit (2-0) quelques minutes plus tard, ou encore à la réception d’un centre de… Ribéry pour le 3-0 à la 47° minute. Il est vrai que FastFoot avait milité pour que celui-ci ne soit pas appelé dans le groupe final, mais après tout la France ne paraît jamais si séduisante que quand elle est dos au mur, le Munichois en tête. Espérons que cela continue face aux partenaires de Steven Gerrard, qui même diminués par de nombreux forfaits (Lampard, Barry, Cahill), et par la l’absence de Wayne Rooney, suspendu, ne manqueront pas de jouer crânement leur chance.


En attendant, l’Equipe de France a réalisé sa meilleure préparation d’avant compétition internationale depuis un bon moment, en alignant ces trois victoires de rang. Au passage, l’invincibilité des protégés de Laurent Blanc vient d’atteindre les 21 matchs. Très loin des deux défaites inaugurales de « l’ère Blanc », enregistrées contre la Norvège et la Biélorussie, à l’époque où les coéquipiers de notre capitaine Hugo Lloris n’avaient encore pas digéré l’épisode « Knysna ». Aujourd’hui c’est certain, les Bleus sont dans une position de force, à quelques heures du coup d’envoi d’un tournoi que le Président et ses partenaires de la génération 98 ont remporté voilà 12 ans. Alors s’il n’est pas opportun de penser d’ores et déjà à l’hypothèse d’une victoire finale dans cet Euro, et même à une participation au dernier carré, gageons que ce groupe France est dans une dynamique qui pousse à l’optimisme. Même si l’on peut regretter que Laurent Blanc n’ait pas eu l’audace de lancer au moins une fois le duo Giroud-Benzema, qui semble pourtant être très complémentaire sur le papier. Mais qui dit deux attaquants, dit forcément changement de système, ce que le Cévennol ne paraît pas prêt à concéder. Mais qui sait, peut-être que ce dernier nous surprendra de nouveau à l’annonce de la composition de l’EDF au coup d’envoi face à L’Angleterre. C’est à souhaiter, au même titre qu’un succès inaugural dans l’Euro de la relance pour nos Frenchies.

Damien Chédeville



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