Les pépites que Deschamps doit surveiller

L’Equipe de France a des prétendants

Au lendemain d’une 22° journée de Ligue 1 qui a vu Lyon et Paris confirmer leur statut de co-leaders, la liste de l’Equipe de France pour affronter l’Allemagne que Didier Deschamps dévoilera jeudi prochain fait déjà parler. Entre ceux qui ont désormais un statut de cadre comme Lloris, Debuchy, Evra, Cabaye, Matuidi, Valbuena, Giroud, Benzema et Ribéry notamment, et qui n’ont donc aucun souci à se faire, les convalescents, Gourcuff et Diaby entre autre, qui ont une carte à jouer, et les jokers qui ont encore à prouver, il y a de quoi débattre en effet autour de cette sélection tricolore. Quelle charnière centrale le sélectionneur français doit-il ainsi installer pour affronter une formation allemande très présente offensivement ? Le duo Koscielny/Sakho semble s’être imposé aux yeux du Basque, lui qui les a aligné lors des trois dernières sorties des Bleus, face au Japon (défaite 1-0), en Espagne (match nul 1-1) puis en Italie (victoire 2-1). Quid de Mapou Yanga M’biwa, auteur de belles apparitions face à l’Uruguay, la Finlande ainsi que devant la Biélorussie, et d’Adil Rami, qui vient de traverser une période assez compliquée avec Valence ? Philippe Mexès lui ne paraît plus être en mesure de rentrer dans les plans de Didier Deschamps, qui n’a jamais testé l’expérimenté Sylvain Distin, titulaire depuis 11 saisons maintenant en Premier League. Alors certes à 35 ans, le joueur d’Everton ne semble pas pouvoir s’inscrire dans l’avenir de l’Equipe de France, dixit le sélectionneur tricolore qui a déjà snobé Malbranque à l’automne pour une question d’âge, mais tout de même, il est dommage de laisser un élément aussi expérimenté sur la touche.

Justement, tournons-nous vers les jeunes talents qui se montrent depuis le début de saison, et qui mériteraient peut-être qu’on les voie au cours d’un match amical. Dans ce sens, Didier Deschamps a déjà testé Capoue, Sissoko et Gonalons, tous trois assez convaincants avec les Bleus dans l’entrejeu. Mais dans l’animation offensive, gageons que les cartes sont limitées, si l’on excepte les attaquants de pointes, Benzema, Giroud et Gomis, bien ancrés dans le groupe tricolore. Ainsi, pourquoi ne pas profiter d’une rencontre sans enjeu pour tester la vraie révélation de ce début de championnat de Ligue 1, le Rennais Romain Alessandrini. L’ancien Clermontois a prouvé que ses deux saisons passées en Ligue 2 n’ont pas été difficiles à rééditer dans l’élite, puisque l’ailier natif de Marseille a aligné pas moins de neuf buts et cinq passes décisives en 19 matchs joués. Une vraie bonne pioche pour le club breton, qui a sans doute été séduit par la spontanéité et le dévouement de ce frappeur hors pair. Bien aidé par un très bon Julien Féret dans l’entrejeu, ces deux-là forment un duo très efficace, ce qui justifie en grande partie la quatrième place actuelle de Rennes au classement de L1. Féret, 30 ans, n’a peut-être pas la fougue de son jeune partenaire, mais il a certainement les épaules pour porter le maillot bleu, un peu plus même que l’an passé. Avec huit buts et deux passes décisives cette saison, il fait preuve d’un redoutable opportunisme et d’une adresse sans faille. Il serait ainsi temps de le tester en Equipe de France, alors que Deschamps ne compte plus sur Nasri, et que Gourcuff et Diaby sont plus souvent blessés que disponibles.

Plus jeune mais tout aussi remuant qu’Alessandrini sur son côté gauche, Eric Bauthéac forme également un duo gagnant à Nice avec l’Argentin Dario Cvitanich, et totalise déjà cinq réalisations et autant de passes décisives depuis le coup d’envoi de la saison. Percutant, provocateur et très rapide, il se rapproche pas mal du profil de l’ailier rennais par son gabarit, par son jeu direct et son adresse balle au pied. De plus, ces deux-là font preuve d’une adresse incroyable au niveau des centres, secteur dans lequel l’Equipe de France est encore bien pauvre. Décisif, il l’est un petit peu moins, mais Franck Tabanou, gaucher lui aussi fait le bonheur de son coach Alain Casanova à Toulouse. Bien seul à pouvoir faire la différence dans l’effectif haut-garonnais en l’absence de forme de Ben Yedder, l’ancien international espoir n’a malheureusement pas l’exposition nécessaire pour pouvoir prétendre à une place chez les A. A l’inverse, Rémy Cabella, champion de France en titre avec Montpellier, brille par sa constance avec un club qui oscille pourtant pas mal depuis le début de l’exercice. Ce cadre de l’Equipe de France Espoirs a semble-t-il la maturité pour pouvoir sauter le pas au-dessus, lui qui n’a jamais fait art de son envie de partir du MHSC, au contraire d’un certain Belhanda, ou de Mapou Yanga M’biwa, pressés d’aller voir ailleurs. Cabella a les atouts pour plaire à un Didier Deschamps qui était en plus en observation le 19 janvier dernier au Vélodrome, pour le match OM 3-2 Montpellier. Dynamiteur dans l’âme, il porte bien le ballon et demeure très précieux dans l’approche de la surface adverse.

Précieux, lui l’est tout autant, mais il est malheureusement trop souvent gêné par des blessures d’ordre musculaire, c’est le Lyonnais Clément Grenier. Le clone de Yoann Gourcuff est comme Cabella, un cadre de l’Equipe de France espoir, et aimerait bien avoir sa chance un jour chez les Bleus. Pour l’Allemagne, ce sera semble-t-il trop court, étant donné qu’il revient tout juste de blessure, mais tout de même, il va falloir que Deschamps y pense rapidement. Tout comme son partenaire à l’OL, Samuel Umtiti, incroyablement solide et compétitif pour son âge, 19 ans, et qui est à surveiller en vue d’une place de joker en défense. Moins solide, mais tout aussi précieux à Lille, Lucas Digne n’a pas tardé à faire parler de lui, en remplaçant brillamment Franck Beria, souvent blessé. Le latéral gauche nordiste aligne les bonnes performances, contrairement à son équipe, et il peut-être un « digne » successeur de Patrice Evra au poste, même si Clichy et Trémoulinas ont pour l’instant la faveur du staff tricolore. Enfin, dans la ligné de la jeune génération qui frappe aux portes de Clairefontaine, Florian Thauvin le Bastiais impressionne un peu plus chaque week-end, au point que les médias lui prête des courtisans partout en Europe. On attendra tout de même la confirmation de son talent, car il est vrai qu’on s’emballe parfois beaucoup sur des joueurs qui ont encore besoin de progresser avant de devenir internationaux. Malgré tout, Didier Deschamps doit avoir quelques idées en tête pour compléter son groupe type, celui qu’il veut emmener au Brésil l’année prochaine, mais surtout en vue de l’Euro 2016. Et puis les blessures ne préviennent jamais, à l’image du taulier Rio Mavuba, alors autant les anticiper !

Damien Chédeville

Dans le même thème :

Deschamps/Le Graët : cap sur 2016

 
Article précédent :

Paris et son nouveau défi

Crédits Photos : fff.fr ; rmcsport.fr ; mlactu.fr