Halte à la rumeur et au suivisme !

Le mercato ou la frontière de l’information

Alors que la période des transferts a démarré le 9 juin dernier, et que les clubs de L1 s’activent avant même de reprendre le chemin de l’entraînement, on assiste dans les médias au bal traditionnel des rumeurs en tout genre. En effet, le marché d’été, au même titre que celui qui anime la trêve hivernale, est le théâtre incessant de publications de fausses informations, allant du simple bruit de couloir, au véritable fantasme de supporter. Et si internet a considérablement boosté ce phénomène de désinformation, on observe que certains journaux voire des chaines de télévision ou des radios, relayent quotidiennement des flopées d’âneries plus grosses les unes que les autres. Ce n’est d’ailleurs pas l’arrivée tant médiatisée, de Qatar Sports Investments dans le capital du Paris Saint Germain, qui est venue atténuer cette pratique. Car chaque jour, on annonce des noms de plus en plus fous, comme recrues potentielles de la formation francilienne, toujours dirigée par le président Robin Leproux.


Et le pire dans tout cela, c’est que le point de départ de ces rumeurs, se révèle être au final, le premier maillon d’une chaine ininterrompue de relayeurs, non adeptes d’une certaine déontologie journalistique. Autrement dit, plus ces « non informations » sont grosses et plus elles font parler, plus les médias et en particulier les sites spécialisés sur le football et les transferts, vont se servir de celles-ci pour faire du buzz, et engranger des visites. Car oui, ce qui intéresse le lecteur lambda en France, supporter plus ou moins averti de tel ou tel club, ce sont bien sûr les rumeurs qui concernent la formation qu’il soutient. Rien à faire en revanche, des histoires d’organigramme dans ces mêmes écuries, ou bien des méthodes de préparation que les coachs privilégient pour que les joueurs soient au top le jour j de la reprise. Non, ce qui fait parler, commenter, alimenter les conversations de bistrots, ce sont les bonnes vieilles rumeurs que l’on retrouve jusque dans les forums de supporters. Mais à quoi rime le fait de faire fantasmer les supporters du PSG, sur l’arrivée plus qu’hypothétique de Samuel Eto’o ou de Dimitar Berbatov au Camp des Loges ?


Si ce n’est à faire le jeu des agents de joueurs, qui voient leurs clients prendre de la valeur au fur et à mesure que le marché avance. Justement, que ce soit clair, si les bruits autour de certains footballeurs, sur le départ ou non d’ailleurs, augmentent à mesure que le démarrage de la saison se rapproche, c’est en partie à cause d’agents peu scrupuleux, qui voient dans la rumeur, une belle occasion de monter leurs émoluments. Mais ne nous trompons pas, cela arrange bien également des clubs concurrents, de voir leurs « ennemis » acheter des joueurs plus ou moins talentueux, au-dessus de leur valeur initiale. Traduction, si Paris se porte candidat pour acquérir le Stéphanois Dimitri Payet, il n’est pas étonnant de lire ici ou là, que Lille est également intéressé par le profil du joueur. Et vice versa, si la rumeur se révèle être, par la force des choses, une information malgré elle, il n’est pas surprenant non plus de voir que certains éléments de L1, peuvent se retrouver dans des clubs qui n’imaginaient même pas être sur les rangs de ces derniers.


Bref la rumeur fait son chemin depuis des années autour de la sphère footballistique, et devient un argument de poids, pour faire parler dans la presse, d’une part, et pour concrétiser certaines transactions d’autre part. Ce qui n’est pas pour servir la pratique journalistique, dépourvue dans ce cas, de toute déontologie. Vérification des sources, véracité de l’information, recoupement des pistes… aucun de ces principes fondateurs de la profession ne sont respectés. Et c’est bien dommageable, à l’heure où internet joue un rôle primordial dans la transmission de l’information et de l’actualité. Malgré tout, que peut-on réellement faire pour lutter contre ces fléaux de la rumeur et du suivisme ? Pas grand chose semble-t-il, tant que la désinformation trouvera son public, et tant que les spéculateurs auront la main. Heureusement que dans tout cela, certains médias prônent la qualité des informations divulguées sur les différentes plates-formes. Espérons qu’un jour, les vrais amateurs de football arrêteront de donner du grain à moudre à ces relais du mensonge, et que les vrais sujets autour du ballon rond reprendront le dessus sur le brassage que génère le mercato.

Damien Chédeville



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