Le Barça va-t-il gâcher sa saison ?

La Liga comme échappatoire

C’est bien connu, les choses vont très vite dans le football, et ce n’est pas au FC Barcelone que l’on va apprendre cet état de fait. Ainsi, en janvier dernier, le club catalan fêtait dignement le quatrième Ballon d’Or d’affilée, remporté par le désormais légendaire Lionel Messi. Pourtant, à peine deux mois plus tard, les partenaires de l’international argentin démarraient une série noire, avec une élimination en Coupe du Roi face au Real Madrid, deux défaites sur les trois « clasicos » au programme en ce début 2013, et un revers essuyé en huitième de finale aller de la Ligue des Champions contre le Milan AC. Le tout, en l’absence prolongée du nouveau patron de la « meilleure équipe du monde », le convalescent Tito Vilanova, opéré d’une rechute de sa tumeur à la glande parotide. Ce dernier étant toujours à New-York pour observer une période de repos, afin de consulter les meilleurs spécialistes américains, le FC Barcelone semble comme orphelin de cette présence sur le banc de touche, même si le fidèle assistant Jordi Roura a depuis pris le relais. En fait, depuis l’été dernier on sentait que la transition de l’après Pep Guardiola allait être difficile, dès la défaite face au Real Madrid en supercoupe d’Espagne. Malgré tout, cet échec n’a pas vraiment gêné les Blaugranas qui se sont ensuite empressés de survoler la Liga, au point de jouir encore aujourd’hui d’une avance de 13 points sur son grand rival et récent bourreau. Mais tout de même, gageons que ce parcours éblouissant dans un championnat qui a quelque peu perdu de sa superbe, est un peu l’arbre qui cache la forêt.

Car perdre contre le Real Madrid de José Mourinho, qui plus est avec un Cristiano Ronaldo complètement retrouvé et revenu à son meilleur niveau, n’a jamais été humiliant, quoique le Catalan reste très fier en toute circonstance, mais la déroute en Ligue des Champions a été bien plus symptomatique. En effet, ces dernières années, même si Barcelone ne s’est jamais montré invincible en Coupe d’Europe, notamment face à l’Inter Milan en 2010 et devant Chelsea l’an dernier, les faux-pas n’arrivaient jamais avant le dernier carré en général. Mais cette année, force est de constater que les Espagnols ont fait une incartade coupable à leur tableau de marque habituel, en se montrant au passage très fébriles en défense, un secteur qui faisait pourtant la force de l’équipe auparavant. Un Carles Puyol vieillissant, un Gérard Piqué parfois trop statique et des latéraux très volatiles, on pouvait ainsi se douter que la solidité barcelonaise n’allait pas rester éternelle. Et puis il y a l’influence amoindrie de Xavi au milieu de terrain qui fait du tort au club catalan, lui d’ordinaire si tenace et cette saison si fragile physiquement. Andrès Iniesta, souvent au diapason de son ami et partenaire ne brille pas non plus par son efficacité ces temps-ci, tout comme Busquets à la récupération, qui semble parfois littéralement perdu au point de commettre de grossières fautes. Heureusement au final, que Lionel Messi est encore dans la forme de sa vie, et qu’il culmine à 40 buts tout de même, après seulement 27 journées. Et ce, même si l’on aurait à redire sur ses récentes performances dans les grands rendez-vous, face à Madrid bien sur, mais aussi devant Milan.

En fait, il n’y a pas un secteur qui ne souffre pas de la répétition des matchs ces dernières semaines au Barça, au point que l’absence de Tito Vilanova se fasse clairement sentir, de la part du public et des supporters d’une part, mais aussi et avant tout de l’équipe elle-même. Après tout, la rechute du coach catalan n’a fait qu’emboiter le pas de celle d’Eric Abidal, lui aussi impatient de retrouver les terrains d’Espagne et d’Europe. Alors oui Barcelone est malade en ce moment, c’est un fait, la machine catalane va-t-elle pour autant aller jusqu’à gâcher sa saison ? C’est peu probable étant donné qu’un 22° sacre en Liga tend les bras aux partenaires de Lionel Messi. Sauf cataclysme, les 13 points d’avance que possède le Barça sur le Real Madrid sont largement suffisants pour voir venir. Non, là où les Ibériques pourraient décevoir, c’est dans cette manche retour très attendue face au Milan AC au Camp Nou, dans la cathédrale du football espagnol. Il est vrai que le match de ce mardi soir conditionnera forcément la suite de la saison au Barça, à savoir que s’il y a qualification elle sera évidemment le fruit d’une rude bataille et donc d’un retournement de situation rocambolesque, alors qu’à contrario, une élimination précoce sonnerait presque la fin d’un cycle dans ce grand club de l’Europe de l’ouest. De là à dire que c’est la fin de « l’ère Messi and co », il y a un pas supplémentaire qui est difficile à franchir, car il faut tout de même rappeler que cette formation enchaîne des saisons de 60 matchs en moyenne. C’est même peut-être la preuve que cette grande équipe, avec tous les champions qui la composent, reste une équipe formé d’humains qui sont faillibles à un moment donné au cours d’un long et éprouvant exercice.

Peut-être aussi que les adversaires du quadruple champion d’Europe lisent de mieux en mieux le fameux jeu barcelonais à une touche de balle portée sur la possession du ballon mais surement moins efficace lorsqu’il y a de la vitesse. En tout cas, les Italiens ont montré ces dernières années qu’ils se faisaient une joie d’annihiler les prétentions catalanes, et ont prouvé de surcroit qu’il était possible d’aller au bout d’une compétition, quelle qu’elle soit, avec pour tactique de défendre à la perfection plutôt que d’attaquer à tout va. C’est pourquoi face à Milan ce mardi, Barcelone va devoir trouver d’autres solutions que celles habituelles. Dans ce sens, il serait certainement opportun de tenter un coup tactique, en faisant peut-être redescendre Busquets ou Mascherano en défense centrale par exemple, et en élaborant un milieu à quatre et une attaque à deux têtes, histoire de contourner le schéma traditionnel de le Barça utilise depuis plus de cinq ans maintenant. Après tout, la logique des grandes équipes n’est-elle pas de gagner des trophées coute que coute, quitte à jouer à contre-courant ? Ainsi, parfois la force des meilleurs c’est aussi de reconnaître les erreurs qui ont été commise, comme aujourd’hui d’abuser d’un système qui a marché pendant des années, et de tenter des évolutions tactiques pour détrousser l’adversaire. De toute façon, Barcelone et Messi n’ont plus rien à perdre dans cette Ligue des Champions, car les statistiques après la défaite 2-0 du match aller ne sont absolument pas favorables. Alors si cette grande écurie doit sortir, qu’elle le fasse au moins la tête haute, pour rendre hommage aux convalescents Vilanova et Abidal, qui eux ont chacun engagé un combat contre la maladie. De tous temps, les leaders ont toujours eu une force, c’est de pouvoir se relever après un échec. Aux Catalans de prouver face au Milan qu’il en est de même pour ce Barça…

Damien Chédeville

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Crédits Photos : sofoot.com ; fcbarcelona.com ; foot01.com