Le PSG prend des risques

Un mercato du déséquilibre ?

Alors que le traditionnel mercato d’hiver vient de fermer ses portes ce mardi 31 janvier à minuit, les interrogations sur son intérêt reviennent en masse. En effet, si certains clubs de Ligue 1 en font une variable d’ajustement plutôt opportune stratégiquement, on pense à Rennes notamment qui a fait signé Mevlut Erding ou encore à Bordeaux qui a enfin réussi à attirer Ludovic Obraniak, d’autres ont des objectifs bien plus flous. Bien évidemment, il est question des choix du Paris Saint Germain, qui vient encore de débourser 20 millions d’euros cet hiver… pour des joueurs dont il n’avait pas besoin ! En effet, on peut s’interroger sur l’intérêt d’aller chercher le latéral gauche brésilien de Barcelone, Maxwell, alors que Tiéné va rentrer de la CAN dans seulement dix jours, et alors que Sylvain Armand, Mamadou Sakho, voire Ceara peuvent dépanner sur ce côté. De la même manière, FastFoot trouve assez stupide que Leonardo ait insisté pour recruter Alex, le défenseur central de Chelsea, alors que l’axe parisien est déjà composé d’au moins cinq éléments (Sakho, Armand, Bisevac, Lugano, Camara). D’autant que ce joueur à la robustesse incontestée, vient de prendre la quatrième et dernière place d’extracommunautaire, soit le quota maximum autorisé pour un club par la Ligue.


Enfin, sans remettre en question les qualités intrinsèques de l’autre brésilien, mais de l’Inter Milan, Thiago Motta, qui s’est engagé dans la capitale dans les dernières heures du marché des transferts, il s’avère que le PSG n’avait pas non plus besoin de renforts au milieu de terrain en position défensive. Et ce, étant donné que Matuidi, Chantôme, Sissoko, Bodmer ou encore Jallet peuvent évoluer dans ce secteur néanmoins clé dans le système de jeu privilégié de Carlo Ancelotti. Bref, on ne comprend pas bien la stratégie des dirigeants parisiens, et notamment de Leonardo, qui est allé chercher des joueurs non pas inutiles au PSG, mais dont le club aurait très bien pu se passer. A plus forte raison, quand on sait quel tapage médiatique il y a eu autour des probables arrivées de Pato et de Tevez en attaque, arrivées qui n’ont jamais été vraiment en mesure d’être finalisées. La pointe de l’attaque, c’était pourtant la priorité des Qataris, qui voulaient attirer une pointure européenne. Résultat, non seulement le PSG ne s’est offert aucun joueur offensif, mais en plus Leonardo a recruté à des postes déjà bien fournis.


En fait, on se demande même si Paris avait réellement besoin d’acheter, alors même que l’effectif actuel est plutôt complet. Certes Gameiro et Hoarau n’ont pas la stature d’un Alexandre Pato, mais à ce compte-là, pourquoi ne pas être allé chercher un Gilardino, bien plus accessible financièrement et sportivement ? Bref, plus que des erreurs de casting, le PSG semble avoir fait une mauvaise opération du point de vue de l’équilibre de l’équipe, qui paraissait pourtant bon avant cet épisode du mercato. Ainsi, certains éléments qui avaient montré satisfaction jusque-là, risquent de se sentir menacés par les nouveaux arrivants, plus « bankable » qu’eux. Un Clément Chatôme par exemple, doit se sentir trahi, désavoué avec l’arrivée de Thiago Motta, à un poste où il est déjà fortement soumis à concurrence. De même que Mamadou Sakho, capitaine incontestable de la formation francilienne doit être touché par l’arrivée en grandes pompes d’Alex, dans une défense où il se partage le boulot avec beaucoup de coéquipiers déjà. Attention d’ailleurs, à ce que ce choix délibéré de Leonardo, avec l’aval de Carlo Ancelotti bien sur, ne contribue pas à freiner l’ascension remarquable de Sakho, fraichement appelé chez les Bleus.


Car au fond, le point sur lequel veut appuyer FastFoot, c’est que les arrivées en masse du côté du club de la capitale peuvent déstabiliser certains éléments du groupe actuel, et donc créer une sorte de déséquilibre sportif, mais aussi moral dans les esprits parisiens. Et ce ne sont pas les millions que les Qataris distribuent qui vont réussir à faire murir un élan favorable dans cet effectif, qui ne demande qu’à grandir progressivement. Alors certes, Paris reste indéniablement le favori pour remporter le championnat de France, étant donné son classement actuel, les certitudes quasi retrouvées dans le jeu et l’aura que continue à se construire l’institution, mais n’oublions pas que les grands noms ne font pas les grandes équipes. Montpellier en sait quelque chose, puisque les Héraultais sont aujourd’hui les principaux adversaires du PSG en haut du tableau. Et ce, avec de belles individualités certes, mais avec une jeunesse au pouvoir, ainsi que des joueurs d’expérience, qui ont la science de notre Ligue 1 si concurrentielle. On ne demande qu’à voir les prochains résultats de Paris en clair, avec un nouveau visage et de nouveaux automatismes à trouver. Une chose est sure, il ne faudrait pas que la dolce vita parisienne tourne au vinaigre et devienne, comme à Manchester City encore récemment, un loft rempli de talents frustrés. Paris doit jouer, Paris doit gagner, et pour cela, Paris a besoin d’un équilibre. Prière de ne pas toucher !!

Damien Chédeville



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