Toulouse joue les trouble-fête

Le podium, une ambition réaliste

Alors que Lyon et Marseille n’ont pu se départager le week-end dernier, la faute à de redoutables intempéries venues troubler le passage à l’heure d’hiver sur la Côte méditerranéenne, le podium de Ligue 1 s’offre tout doucement à Toulouse. Avec un match de plus disputé par rapport aux deux olympiques, mais un parcours tout de même solide avec seulement une défaite au compteur, les hommes d’Alain Casanova avancent en effet sans bruit, au point de ravir la place de dauphin du PSG à l’OM, leader il y a encore deux journées de cela. Et ce, grâce à une belle différence de buts qui n’a pas grand chose à envier à celle des Franciliens (+8 contre +11 à Paris), et donc à une attaque qui se veut très prolifique cette saison. L’attaque, ou précisément le secteur de jeu dans lequel le TFC ne brillait pas auparavant, mais ça c’était avant ! Avant que Wissam Ben Yedder, l’un des cinq espoirs mouillés dans l’affaire de la « sortie nocturne à Paris », ne se révèle aux yeux de tous, du haut de ses sept réalisations en neuf apparitions en ce début d’exercice. Mais également avant l’éclosion, déjà naissante depuis quelques années, d’un duo Etienne Capoue/Moussa Sissoko qui n’en finit plus de surprendre. Les deux compères du milieu de terrain haut-garonnais, appelés récemment ensemble en Equipe de France par Didier Deschamps, ne touchent plus terre en effet, depuis qu’ils ont revêtu la « tunique bleue ».

Capoue s’est offert un premier but en sélection, pour sa deuxième entrée seulement avec les Tricolores, face à la Biélorussie (succès 3-1), tandis que Sissoko est à l’origine de l’égalisation d’Olivier Giroud dans les derniers instants de la rencontre face à l’Espagne (1-1), là aussi pour le compte des éliminatoires de la Coupe du Monde 2014. En championnat, c’est légèrement moins impressionnant, étant donné qu’à eux deux ils ne totalisent pour l’instant que trois buts sur les 18 déjà inscrits par Toulouse, soit la troisième attaque de L2 derrière Valenciennes (20 buts) et Lorient (19). Mais le plus important est ailleurs, car au milieu, Capoue et Sissoko ont un volume de jeu impressionnant, au côté d’un Etienne Didot qui ratisse tous les ballons. D’ailleurs, c’est peut-être la raison pour laquelle l’attaque haut-garonnaise est aussi efficace, étant donné que la liaison est largement facilitée par ce duo de « relayeurs ». Etienne plus technique, Moussa très athlétique, les deux font la paire comme on dit, pour le plus grand bonheur d’Alain Casanova, leur grand patron, mais surtout pour le talentueux Wissam Ben Yedder donc, qui semble être le seul à pouvoir lutter, à son niveau, actuellement avec Zlatan Ibrahimovic en tête du classement des buteurs. Symbole de la réussite toulousaine de ce début de saison, celui qui s’est distingué dans le mauvais sens avec les M’Vila, Mavinga, Griezmann et Niang lors de cette fameuse sortie d’entre-deux matchs avec les Espoirs, semble avoir échappé quelque peu à la foudre médiatique, M’Vila faisant davantage figure de récidiviste.

Bref, Casanova ne s’en plaindra pas, son attaque tourne à plein régime, et l’équipe aussi. Une forme qui s’apparente à un effet de surprise, étant donné qu’on attendait davantage Montpellier et Lille dans le haut du tableau, mais des résultats assez constants finalement, dans la lignée du huitième rang acquis lors de l’exercice précèdent, à cinq points seulement de l’Europe. Une Europe que Toulouse et son président Olivier Sadran lorgnent donc avec insistance en ce début de saison, alors que l’attention est beaucoup plus portée vers la dream team parisienne ou encore l’OL et l’OM, que sur les bords de la Garonne. Et ce n’est pas si mal pour cette jeune équipe, qui aurait très bien pu sombrer à l’intersaison, suite au départ de son valeureux capitaine, Daniel Congré, vers le champion de France héraultais, bien mal en point en ce moment, mais qui a au contraire muri de cette mutation. Pourtant, la défense certes talentueuse, emmenée par les MBengue, Aurier et Abdennour notamment, ne transpire pas l’expérience, quoique renforcée par Jonathan Zebina cet été. Qu’importe, Casanova fait avec les moyens du bord, et profite finalement d’un centre de formation très performant semble-t-il, pour faire avancer son équipe vers les sommets de Ligue 1. L’ailier gauche Franck Tabanou en est l’exemple type, lui qui peine à trouver acquéreur sur le marché des transferts malgré son fort potentiel et sa bonne marge de progression.

Qu’à cela ne tienne, le staff toulousain peut se réjouir de compter dans ses rangs une flopée d’internationaux, dont Capoue et Sissoko donc, qui étrennent désormais avec fierté le maillot de l’Equipe de France. Et ce n’est surement pas Bordeaux, en pleine déliquescence après un démarrage flamboyant en Ligue 1, qui viendra déloger le TFC de son nuage, dans une derby de la Garonne qui s’annonce pourtant disputé, dimanche soir à Chaban-Delmas. Qu’on se le dise, en haut de la fiche, il faudra compter sur Toulouse cette saison, qui pourrait bien nous refaire le coup de 2007, lorsque les « minots » d’Elie Baup s’étaient qualifiés in extremis, lors de la dernière journée, pour le troisième tour de barrages pour la Ligue des Champions. En attendant, il y a tout de même un Marseille-Lyon à replacer dans le calendrier, qui pourrait changer quelque peu la donne actuelle, si une des deux équipes venaient à s’imposer dans le choc des olympiques. Car pour le coup, le déplacement de l’OM à Ajaccio, et la réception de Bastia par Lyon ne semblent pas revêtir un suspense immense. Le défi est donc lancé aux Toulousains, tenter de se maintenir sur le podium, ou à défaut dans le top 5 jusqu’à la trêve hivernale. Après quoi, il sera toujours plus propice de parler d’objectifs au très modeste Alain Casanova, qui n’a pas pour habitude de s’emballer dans une période faste comme celle qui met en valeur son groupe actuellement. Rappelons-nous au passage de Montpellier l’an passé, qui ne voulait pas entendre parler de titre, et qui se résoudra finalement au printemps 2012 à combattre face à l’ogre parisien. Pour l’instant on en est encore loin, mais Toulouse peut encore surprendre.

Damien Chédeville

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