Lyon assume enfin son statut

L’OL gagne même sans convaincre

A l’occasion de la reprise du championnat de France en ce début d’année 2013, on s’attendait forcément à ce que le Paris Saint-Germain s’empare seul des commandes de la Ligue 1, d’autant qu’à l’inverse de Lyon et Marseille, le PSG recevait Ajaccio pour le compte de cette 20° journée. Renforcée par l’arrivée du prodige brésilien Lucas Moura, titularisé d’entrée par Carlo Ancelotti, l’équipe francilienne avait en effet toutes les armes pour se détacher des deux co-leaders olympiens, et pourtant le club de la capitale s’est laissé déstabiliser par la tactique ultra défensive des Corses. Résultat, non seulement les partenaires de Blaise Matuidi ont concédé un match nul 0-0, mais c’est bien Lyon qui a pris le large, au prix d’une courte mais précieuse victoire sur le terrain de Troyes (2-1). Les Rhodaniens ont ainsi prouvé que la déroute face Epinal (3-3, défaite 4 tab à 2) en Coupe de France n’était qu’un accident, et que la volonté de réaliser un très bon championnat, et de renouer ainsi avec la Ligue des Champions la saison prochaine était plus forte. Pour ce faire, Rémi Garde avait du se résoudre à transmettre le brassard de capitaine à l’international tricolore Maxime Gonalons, 23 ans seulement, et digne successeur de Lisandro Lopez, trop inhibé semble-t-il par ses responsabilités à la tête du groupe. Une bonne pioche pour le coach lyonnais, puisque le milieu de terrain défensif issu du centre de formation de Tola Vologe, n’aura pas tarder à respecter son nouveau statut, puisqu’il se chargea lui-même d’ouvrir le score face aux hommes de Jean-Marc Furlan, sur un corner parfaitement distillé par son compère Steed Malbranque (1-0, 11° minute).

En l’absence de Yoann Gourcuff dans le cœur du jeu, le duo Malbranque/Gonalons contrôle ainsi parfaitement la relance lyonnaise, en plus d’être décisif à l’approche de la zone de vérité. Les deux anciens pensionnaires du centre de formation local affichent en effet de belles statistiques à mi-parcours pour des milieux de terrain en position bas, avec respectivement 6 passes décisives pour le premier, et trois buts pour le second. Et ce n’est pas la magnifique reprise de volée de Benjamin Nivet, catapultée sous la barre de Rémy Vercoutre (38° minute), qui viendra inquiéter le collectif rhônalpin, car à quinze minutes de la fin du temps réglementaire, c’est un autre ancien de la réserve lyonnaise qui libérera ses partenaires. Samuel Umtiti, 19 ans à peine et désormais titulaire dans le couloir gauche de la défense, y est ainsi allé de son premier but en Ligue 1, toujours sur un corner cette fois tiré par le suppléant Mvuemba (75° minute). Une réalisation en deux temps suite à un mauvais renvoi de la défense troyenne, et le solide franco-camerounais propulse d’un tir du pied gauche, son club formateur au sommet de la hiérarchie. La preuve que même sans convaincre, dans une rencontre où la valeureuse formation de l’Aube s’est illustrée par son culot et sa volonté, Lyon est capable de gagner des matchs. Il y a quelques années encore, et s’il n’ y avait pas la crainte de voir plus tard le PSG s’envoler vers le titre, on aurait dit que ce succès était l’œuvre du futur champion, la marque d’une équipe qui même lorsqu’elle ne maîtrise pas une rencontre, est capable de la faire basculer en sa faveur.

En tout cas, cela prouve également une chose, c’est que l’effectif de Rémi Garde ne se laisse pas griser par les rumeurs de départs qui entourent l’Olympique Lyonnais, rapport aux économies qui doivent être réalisées, dixit le président Aulas, au rayon de la masse salariale déjà bien dégarnie depuis deux ans maintenant. Au contraire, les Rhodaniens profitent de ce début d’année 2013 pour confirmer que l’ambition de l’équipe est bien a minima de décrocher une place qualificative pour la prochaine Ligue des Champions, et pourquoi pas, de lutter jusqu’au bout avec le PSG pour le titre. Car derrière, Coupe d’Afrique des Nations ou pas, on se demande si l’Olympique de Marseille va pouvoir tenir le rythme soutenu des Lyonnais, surtout au sortir d’une défaite cuisante à Sochaux, trois buts à un, dans des conditions météorologiques, il est vrai, compliquées. En tout cas pour l’instant Lyon ne se pose pas trop de questions et c’est semble-t-il la posture à adopter, quand on sait que l’OL a plus gagné que le PSG en 20 journées (12 victoires contre 11), et que l’attaque rhodanienne est quasiment à la hauteur de son homologue francilienne (35 buts marqués contre 36 pour Paris). D’autant que Rémi Garde va pouvoir bénéficier des retours à la compétition de Yoann Gourcuff et probablement de Clément Grenier, les deux dépositaires habituels du jeu lyonnais. Ainsi face à Troyes, on a bien senti que les coéquipiers d’Anthony Réveillère n’étaient pas vraiment à leur aise lorsqu’ils ne maitrisent pas le ballon, et qu’il faut procéder en contres.

Ainsi, le 4-3-3 habituel avec un trio Malbranque/Gonalons/Gourcuff ou Grenier fonctionne bien mieux que le 4-4-2 improvisé ce week-end avec deux ailiers qui permutent, qui plus est tous les deux gauchers avec Bastos et Ghezzal. Car on le sait, lorsque Lisandro et Gomis doivent se partager l’attaque rhodanienne, il y a de légers problèmes de placement, et ces deux-là ont de fait une emprise moins importante sur la rencontre. Si bien qu’aucun des deux n’aura fait la différence, et qu’il aura fallu compter sur deux pépites du centre de formation de l’OL pour débloquer la situation. Une preuve de plus que Lyon va dans le bon sens avec sa stratégie de confiance envers les jeunes issus du cru, qui prennent donc de plus en plus tôt leurs responsabilités. Au passage, il est assez rare de voir une équipe avec un capitaine âgé de 23 ans, qui assume par ailleurs aussi bien ses responsabilités, chose que Rémi Garde n’avait pourtant pas anticipé. Ce dernier n’était en effet pas très heureux de voir Lisandro rendre son brassard, mais gageons que parfois le destin fait bien les choses. Du coup, Lyon se retrouve seul en tête du championnat de France avec désormais deux unités d’avance sur le PSG, en sachant que les Lyonnais recevront les voisins d’Evian pour le compte de la 21° journée, tandis que le PSG aura un déplacement compliqué à gérer à Bordeaux. La lutte est donc loin d’être terminée en tête de Ligue 1, et on ne va pas s’en plaindre. Reste juste à espérer que le président Aulas ne va pas aller au bout de ses idées, et délester ainsi l’OL d’un de ses cadres. Car avec cette équipe et cet état d’esprit-là Rémi Garde peut aller loin, très loin !

Damien Chédeville

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