Messi est une légende vivante !

Pas de comparaison possible

Ces derniers jours, la planète football et le monde des médias en particulier se sont affolés pour le meilleur joueur du moment en Europe, et dans le Monde, l’Argentin Lionel Messi. Quoi de plus normal en effet, pour celui qui empile les records, comme il enchaîne les performances de manière spectaculaire. Mais bien au-delà des débats au nom desquels certains voudraient que « Leo » ait battu le meilleur total de buts sur une année civile (88 au 13 décembre), soi-disant détenu jusque-là par l’Allemand Gerd Müller avec 85 réalisations, pendant que d’autres affirment que Zico ou encore Pelé ont fait mieux, la réalité est bien évidemment ailleurs. Peu importe qu’à une certaine époque, les buts dans telle ou telle coupe n’aient pas été comptabilisés, comme ceux inscrits dans des matchs amicaux. Peu importe que Pelé affirme avoir marqué plus de 1200 buts dans sa magnifique carrière, auréolée de trois titres de champions du Monde. Et peu importe quelles sont les équipes avec lesquelles les Pelé, Maradona, Messi ont brillé, qu’elles aient été et qu’elles soient au top niveau ou bien que leurs résultats ne dépendaient que de leur « star ». De fait, Lionel Messi a aujourd’hui comptabilisé 88 buts réalisations dans cette année 2012, un total qu’il est encore en mesure d’améliorer, et il est donc de facto le favori à sa propre succession, lui qui a déjà remporté trois Ballons d’Or d’affilée, comme un certain Michel Platini à son époque.

Alors certes, on rétorquera toujours qu’il évolue dans le meilleur club de la planète, avec les meilleurs joueurs du monde à leurs postes autour de lui, les Xavi, Iniesta, Piqué ou encore Villa, mais ne peut-on pas simplement dire qu’il est un joueur hors norme, et que par conséquent il est le meilleur athlète que l’on n’ait jamais connu au 21° siècle ? Pourquoi vouloir absolument comparer l’incomparable, en mettant face à Messi des joueurs d’exception comme Pelé, Maradona, Cruyff ou bien Platini, qui ont chacun marqué leur époque, comme lui est en train de mettre son empreinte sur le football moderne ? Et pourquoi reprocher à Leo de ne pas être aussi performant avec sa sélection d’Argentine, comme il l’est avec le Barça. Certes, avec la génération brillante qui est la sienne avec Agüero, Tevez, Di Maria et Higuain entre autre, c’est une énigme que cette nation n’ait pas remporté au moins une Copa America ou une Coupe du Monde avec Lionel Messi dans ses rangs. Mais faut-il pour autant le blâmer, alors qu’il n’a encore que 25 ans, et qu’il possède au moins deux chances supplémentaires de gagner un mondial, autant qu’une Copa America. Surtout que son palmarès en club parle largement pour lui, avec pas moins de trois ligues des Champions remportées (2006, 2009, 2011), cinq championnats d’Espagne et deux coupes du Roi. La vérité, c’est que dans le football, que ce soit dans les générations passées ou bien aujourd’hui, tous les grands joueurs ont brillé soit en club soit en sélection.

Yohan Cruyff a gagné trois fois la Coupe des Clubs Champions avec l’Ajax Amsterdam en tant que joueur, et une fois avec le FC Barcelone en tant qu’entraîneur, mais même avec la génération dorée avec laquelle il a évolué avec les Pays-Bas, les Rep, Krol et Neeskens notamment, il n’a jamais remporté de Coupe du Monde, ni même de championnat d’Europe. Diego Maradona a lui remporté le mondial 1986 avec l’Argentine, mais il n’a remporté en club, que la coupe UEFA avec Naples, compétition aujourd’hui considérée comme hyper accessible pour les très grands clubs. Pelé lui a été sacré trois fois « roi du Monde », mais il est resté quasiment toute sa carrière au Brésil, remportant tout de même deux Copa Libertadores, l’équivalent sud américain de notre Ligue des Champions. Malheureusement à cette époque, la concurrence n’était pas aussi rude que maintenant, il est donc idiot de vouloir comparer Lionel Messi à cette autre légende. Car oui, à 25 ans le génie argentin peut déjà être considéré comme une légende vivante. Simplement il semble qu’il soit plus approprié de parler de meilleur joueur du 21° siècle, plutôt que de tenter des mauvais parallèles inter générations. Et ce qui est certain, c’est qu’au même titre que Zinedine Zidane pour la France ou bien Ronaldo pour le Brésil, Messi demeure dans la période moderne du football comme l’un de ceux qui aura marqué ce sport, par ses gestes, par ses feintes, par ses dribbles, et par la classe qui le caractérisent.  

Quand on évoque ce genre de joueur, on ne peut pas s’arrêter bêtement à des chiffres, même si cela ravit les gens de savoir qu’il bat en permanence des records inatteignables. Car ce ne sont pas les chiffres qui nous font dire que Lionel Messi est d’une autre planète, ce sont bien ses performances remarquables avec son club de cœur, le FC Barcelone. D’aucuns diront qu’il n’ose pas changer de club, de peur de ne pas être la star de l’équipe, ou bien qu’on ne joue plus exclusivement pour lui, mais quoi de plus beau qu’un homme, qu’un sportif de haut niveau qui jure fidélité à son club, dans cette décennie où les agents sont rois, et où les joueurs n’hésitent pas à partir dès que les résultats ne viennent plus. La saison passée, faut-il rappeler que Messi n’a remporté que la coupe du Roi, motif qui fait dire à certains qu’Andres Iniesta, son coéquipier au Barça, double champion d’Europe en titre, mérite davantage le trophée du Ballon d’Or 2012. De plus, avec le départ de son « père spirituel » Pep Guardiola cet été, à la tête du FCB depuis 2008, on aurait pu croire que l’Argentin aurait émis le souhait d’aller voir ailleurs. Il n’en a rien été, et grand bien lui fasse, car aujourd’hui l’ailier sud américain enfile encore et encore  les buts et les passes décisives. Enfin, en ce qui concerne les soupçons de dopage qui pèsent au-dessus de lui, l’avenir nous dira certainement s’il est effectivement victime de son succès. Même si on voudrait croire jusqu’au bout que ce joueur est une énigme, et qu’il est simplement une légende vivante, comme on en croise un ou deux dans un siècle. Maradona a été faillible en son temps, et pourtant on l’adule encore aujourd’hui !

Damien Chédeville

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