L’OL a la forme, les Verts le culot

Le derby qui peut tout changer

Au terme d’une semaine européenne qui a vu les trois clubs français qualifiés pour les prochaines échéances, terminer à la tête de leurs groupes respectifs, le championnat de France s’apprête à vivre l’un des moments forts de la saison. Ce dimanche soir au stade Geoffroy Guichard, Saint-Etienne se prépare en effet à défier l’Olympique Lyonnais, l’éternel frère ennemi, mais surtout actuel leader de Ligue 1. Preuve que l’opposition a de l’intérêt, c’est la première fois de l’histoire que les Verts et l’OL s’affrontent alors qu’ils trônent ensemble sur le podium. Et même si Lyon, solide leader avec deux points d’avance sur Marseille, second et cinq sur les Stéphanois, troisièmes, semble actuellement dominer les débats, les joueurs de Christophe Galtier ont déjà prouvé en cette première partie de saison qu’ils pouvaient bousculer la hiérarchie. Ainsi, les partenaires de Pierre-Emerick Aubameyang resteront les premiers à avoir fait tombé le Paris Saint Germain en championnat cette saison (11° journée, victoire 2-1), qui plus est au Parc des Princes, dans l’entre des Franciliens. Une performance que rééditera d’ailleurs l’ASSE en Coupe de la Ligue mais cette fois dans le Forez, face au public rhodanien (0-0, victoire 5 TAB à 3). Sur le papier, rien ne fait plus peur au collectif vert donc, même si le derby rhônalpin reste un match à part dans une saison. A part, car l’ambiance est bien plus tendue qu’à l’habitude, à part, car les deux camps ne veulent absolument pas perdre ce rendez-vous, et à part, car c’est avant tout une bataille entre deux peuples, deux conditions sociales et des supporters toujours aussi fiers.

Pas question d’un côté ni de l’autre, de négliger cet événement, que chaque joueur notait à l’époque dans son calendrier, lorsque les Lacombe, Chiesa et autre Di Nallo affrontaient les Santini, Larqué et Sarramagna. Aujourd’hui, certes le derby du Rhône a perdu un peu de sa saveur, mais gageons que l’atmosphère autour du match, entre les supporters notamment, reste la même. En tout cas, si ces dernières années les deux équipes comptaient beaucoup de joueurs étrangers dans leurs rangs, cette saison les choses sont bien différentes, étant donné qu’avec les restrictions budgétaires dictées par la crise économique, Lyon comme Saint-Etienne sont revenus aux valeurs de base, à savoir la formation locale de jeunes talents du cru. Au coup d’envoi de cette 16° journée, la génération des Clément Grenier, Maxime Gonalons et Alexandre Lacazette affrontera celle des Guilavogui, Ghoulam et autre Gradel. Et c’est peut-être la jeunesse d’ailleurs, qui fera basculer la rencontre dans un sens ou dans un autre, alors que l’objectif pour l’OL est de solidifier sa première place, tandis que les Verts tenteront de se rapprocher un peu plus des deux Olympiques. Au rayon des statistiques, avantage à Saint-Etienne bien sur, qui compte à son actif, 24 victoires à Geoffroy Guichard contre Lyon, contre 12 pour les Rhodaniens et 13 matchs nuls. Tout en sachant que ces derniers ont tout de même remporté sept de leurs dix dernières confrontations au Chaudron. Un chiffre qui aura du poids au coup d’envoi, d’abord dans les têtes, mais également dans les jambes de Stéphanois qui devraient déléguer la possession du ballon à leurs homologues.

Malgré la qualité de leur milieu de terrain à trois qui pourrait ressembler au trio Lemoine/Clément/Cohade, les Verts devraient en effet permettre à Steed Malbranque et Clément Grenier, ou bien Yoann Gourcuff s’il est aligné d’entrée, de diriger le jeu au cœur de la pelouse, pour ainsi jouer les bons coups en contre. C’est ainsi que l’ASSE procède contre les écuries de tête qui ont tendance à beaucoup porter le ballon, et c’est ainsi que Stéphane Ruffier et ses coéquipiers ont réussit à faire plier le PSG. La vitesse d’Aubameyang en pointe, ainsi que celle des techniciens Hamouma et Gradel sur les côtés fait en général très mal aux défenses adverses, qui cèdent tôt ou tard. En contrepartie, la faiblesse des Verts pourrait de situer au niveau de ses arrières latéraux, François Clerc et Faouzi Ghoulam, qui ne lésinent pas sur les efforts et qui ne sont pas toujours couverts par leurs ailiers. Surtout qu’en face, Bafétimbi Gomis est sur un nuage actuellement, lui qui totalise déjà dix buts en championnat, dont un triplé la semaine passée, face à Marseille (succès 4-1), puis une réalisation de la plus haute importance lors de la courte victoire des Lyonnais sur Montpellier (1-0), dimanche dernier. L’attaquant de pointe formé dans le Forez n’est d’ailleurs pas le seul à briller puisque son compère Alexandre Lacazette est très performant dans son couloir droit, à tel point qu’il a fait oublier le forfait de longue durée de Jimmy Briand. A gauche enfin, si la présence de Lisandro Lopez est plus qu’incertaine, celle de Michel Bastos, de retour de blessure se précise.

Une arme supplémentaire pour Rémi Garde qui n’a sans doute aucune envie de perdre le fauteuil de leader au profit de l’OM, qui reçoit pour sa part Lorient plus tôt dans l’après-midi au Vélodrome. En tout cas, si certains cadres lyonnais venaient à déclarer forfait, il est certain que la jeunesse prendrait le relais sans problème, comme ce fut le cas cette semaine en Ligue Europa face à l’Hapoël Kiryat Shmona. La génération des Ghezzal, Ferri et Benzia a en effet pris ses responsabilités, et battu sans la manière certes, une équipe israélienne très joueuse. Ce dernier s’est d’ailleurs offert le luxe de marquer son deuxième but d’affilée en coupe d’Europe, et nul doute qu’il ne voudra pas s’arrêter là. Le derby a, de tout temps, été l’occasion pour des joyaux des deux clubs d’exploser, ou en tout cas de se lancer au plus haut niveau, à l’image d’un Joël Fréchet, débarqué à l’âge de 15 ans sur une pelouse de l’élite pour disputer un derby dont il se souviendra longtemps. Alors oui, ce choc entre Saint-Etienne et Lyon a une saveur particulière, parce qu’il arrive dans un contexte où les deux formations sont dans une dynamique positive. De plus, cette rencontre va opposer deux des trois meilleures attaques de Ligue 1 (28 buts marqués par l’OL, 24 par l’ASSE), avec deux buteurs en forme (Gomis, 10 buts ; Aubameyang, 9 buts), et des défenses très performantes. Les Verts n’ont ainsi encaissé que dix buts en quinze journées, tandis que l’OL en a pris 15, dont trois, rien que face à Toulouse il y a deux semaines. C’est dire si les deux formations sont proches dans les statistiques à l’image du talent de leurs coachs, même si l’avantage du terrain sera là pour l’ASSE. Mais attention, cet OL version 2012-2013 est capable de gagner des grands matchs !

Damien Chédeville

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