Lyon et Bordeaux sauvent la France

L’Europe, c’est du 50/50

Le verdict de la Ligue des Champions étant tombé mardi soir avec la première place du groupe A, acquise par le Paris Saint Germain au dépend du FC Porto, on attendait de savoir quel comportement allaient adopter nos deux autres représentants tricolores qualifiés eux, pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa. Et même si Lyon était déjà assuré de garder la place de leader de sa poule avant même le match retour face à l’Hapoël Kiryat Shmona, de même que Bordeaux était certain de terminer au moins au second rang, le premier et le sixième de Ligue 1 ont assuré le spectacle pour leurs supporters. En effet, avec deux équipes pourtant fortement remaniées, et sans que ce dernier rendez-vous des poules ne soit rédhibitoire pour la qualification au prochain tour, l’OL version centre de formation a mis un point d’honneur à conclure cette phase de groupes sur une victoire (2-0), tandis que les Girondins ont surpris tout le monde en se jouant des Anglais de Newcastle (victoire 2-0), eux-mêmes adeptes du turn-over. Seulement quatorzièmes de Premier League, les Magpies n’avaient sans doute pas la tête à la fête, alors que le billet pour la prochaine étape était déjà validé. Qu’importe, les jeunes rhodaniens et les remplaçants bordelais ont prouvé qu’ils pouvaient tenir leur rang même dans un match européen, et ont lavé ainsi les déceptions du LOSC et de Montpellier en Ligue des Champions, ainsi que de Marseille dans cette Ligue Europa.

Au final, si l’on fait les comptes, la France perd un représentant en huitièmes de finale de la LDC par rapport à l’an dernier, où Lyon et Marseille s’étaient extirpés in extremis dans de groupes très homogènes, mais en gagne deux dans la plus petite des compétitions européennes. Cette fameuse Ligue Europa que les clubs français ne disputaient plus lors des précédentes éditions, a finalement trouvé grâce aux yeux de Lyon et Bordeaux, qui ont fait de l’Europe un objectif principal, en tout cas juste après le championnat. Rappelons ainsi que la saison passée, les deux seules formations tricolores à avoir disputé les poules, à savoir Paris et Rennes, n’avaient pas pu aller plus loin dans le tableau, faute de combativité. La France devait donc se contenter d’un 2 sur 5 en phase de poules des deux coupes européennes, tandis que cette année elle peut se targuer d’avoir fait légèrement mieux avec ce 3 sur 6. Malgré tout, en comparaison des quatre autres grands championnats européens, le bilan n’est pas si positif, quand on voit que l’Italie a pu hisser deux clubs en huitièmes de finale de la LDC, avec la Juventus Turin et le Milan AC, de même que l’Angleterre avec Arsenal et Manchester United. En ce qui concerne l’Espagne, la Liga peut se targuer d’avoir ses quatre représentants dans le Top 16 européen, tandis que l’Allemagne fait aussi bien mais avec trois écuries sur trois engagées ! Si bien qu’aujourd’hui, la France est reléguée au niveau de nations comme le Portugal, l’Ukraine, l’Ecosse ou encore la Turquie.

Pire, si l’on comptabilise l’ensemble des deux compétitions continentales, l’Allemagne arrive en tête avec 7 équipes qualifiées pour le prochain tour européen sur sept représentants engagés ! Une sacrée performance que talonne les Espagnols avec six formations reçues, puis cinq pour l’Angleterre et l’Italie, alors que la France n’arrive qu’à hauteur de l’Ukraine avec donc trois clubs tricolores encore en course dans les deux tableaux. De toute façon, gageons que les tricolores arrivent au niveau où on les attendait, à savoir que les écuries qui avaient fait de leur campagne continentale un objectif de premier plan, se retrouvent aujourd’hui dans l’élite : Paris, Lyon et Bordeaux. Dans l’histoire, heureusement que le Benfica Lisbonne n’a pas réussi à se hisser dans le Top 16 de la LDC, auquel cas la France aurait certainement cédé sa cinquième place tout juste récupérée au classement de l’indice UEFA. Au même titre que l’on peut remercier les Qataris d’avoir fait du PSG un outsider sérieux en Ligue des Champions, nous pouvons également saluer comme il se doit les performances de Lyon et Bordeaux, solides élus pour le titre en Ligue Europa. Mais attention, comme pour Paris et son coach Carlo Ancelotti, la tâche ne s’annonce pas aisée pour les Lyonnais comme pour les Girondins, étant donné que des écuries comme Chelsea, le Zénith St-Pétersbourg, l’Ajax Amsterdam ou encore le Benfica Lisbonne justement, ont été reversé dans cette fameuse C3, qui aura rarement été aussi relevée.

Surtout si l’on pense qu’il y a déjà de gros concurrents pour le titre cette saison, avec la Lazio Rome, Tottenham, l’Inter Milan, Naples, Newcastle, Fenerbaçhe, l’Atlético Madrid, Liverpool ou encore l’Anzhi Makhachkala, eux aussi sortis de la phase de poules. Alors évidemment la Ligue des Champions reste la reine des compétitions sur le vieux continent, mais tout de même, de belles affiches sont à espérer pour les prochaines échéances à venir dans cette Ligue Europa. De toute manière on sera rapidement fixé sur les tirages respectifs, étant donné qu’ils auront lieu conjointement à Nyon, au siège de l’UEFA. En espérant qu’enfin, nos représentants tricolores jouent à fond dans les deux tableaux, mais au vu de ce qu’ont pu démontrer Lyon et Bordeaux ce jeudi soir avec des équipes bis voire C, le meilleur est bien devant nous. En tout cas il faut souligner encore une fois le rôle primordial de moteur qu’ont ces deux équipes françaises, au même titre que le Paris Saint Germain, pour la France, dans une Europe des clubs qui s’étend de plus en plus. A l’avenir, il faudra se servir de cette compétitivité relative de nos écuries, pour rehausser d’autant le niveau de notre championnat qui a perdu beaucoup de vitesse lors de la précédente décennie. Et gageons qu’avec les investissements réalisés au PSG, mais également avec la politique de formation que tente de pérenniser l’OL, la France peut se doter de deux vrais concurrents à l’élite européenne, et sur le long terme. Surtout quand on sait que Lyon joue à fond une compétition dont la prime de participation (environ 1,3 million d’euros) est presque sept fois inférieure à celle obtenue par la PSG en LDC (8,6 millions d’euros) !

Damien Chédeville

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