Lyon reprend "son" pouvoir !

Un Gomis des grands soirs

Cette rencontre était certainement la plus attendue depuis le début de la saison en Ligue 1, et disons que ce choc en retard de la 10° journée du championnat entre Marseille et Lyon au stade Vélodrome a tenu toutes ses promesses. En tout cas, si l’on pouvait s’attendre à un match noué, profitant à l’OM qui n’avait besoin que d’un nul pour prendre ses aises en tête du classement de L1, tous les observateurs du football français, spectateurs et presse confondus, ont assisté avec étonnement à l’incroyable « putsch » réalisé par l’Olympique Lyonnais. Ainsi, il est probable que peu de gens auraient misé avant l’opposition sur un succès 4-1 des Rhodaniens sur la Cannebière, qui plus est privés de Lisandro, Lovren et de Gourcuff pour l’occasion. Le forfait de dernière minute de celui-ci avait d’ailleurs fait penché un peu plus la balance du côté d’une formation marseillaise regonflée par sa victoire contre Lille dimanche dernier (1-0, 14° journée). Il n’en a rien été donc, dans un match qui n’aura pas tardé à tourner en faveur des Gônes, puisqu’à la 2° minute de jeu seulement, Bafé Gomis obtenait un penalty sans doute généreux, suite à une sortie certes musclée de Steve Mandanda. Mr Turpin, l’arbitre d’un soir n’hésita pas une seule seconde, et offrit à l’international français, récent buteur avec les Bleus face à l’Italie en match amical (succès 2-1 de la France), une magnifique opportunité d’ouvrir la marque. Un contre pied et une célébration plus tard, Lyon venait déjà de mettre la main sur une rencontre qui sera désormais à sens unique.

Symbole d’une équipe conquérante et rajeunie avec les Umtiti, Dabo, Grenier, Lacazette et Ghezzal alignés d’entrée au coup d’envoi, Bafé Gomis n’attendait que trente minutes pour remettre le couvert sur un superbe service de Dabo. L’attaquant lyonnais réalise alors un parfait contrôle orienté dans la surface, pour ensuite dribler Mandanda, et venir inscrire en force son second but de la soirée. Deux buts à zéro à la 34° minute, on se dit alors que la soirée va être bien longue pour un collectif marseillais qui peine à se montrer dangereux, hormis les quelques rares opportunités de Jordan Ayew, bien esseulé devant. Au retour des vestiaires, la sentence va d’ailleurs se poursuivre pour l’OM, surpris par une courte balle piquée de Lacazette pour Malbranque qui ne se fait alors pas prié pour catapulter une jolie reprise de volée dans le petit filet d’un Mandanda laissé bien seul par ses partenaires en défense. Trois à zéro à la 47° minute de jeu, l’addition commence à être salée pour des Olympiens aux abois, mais ce n’est pas encore terminé puisque Bafé Gomis encore lui, vient clôturer le festival lyonnais sur un centre en retrait de Réveillère qu’il contrôle pour enchainer avec un subtil pointu ! A une vingtaine de minutes du terme de la rencontre, les jeux sont bien évidemment fait, et ce n’est pas le but rageur de Loïc Remy d’une belle frappe en lucarne sur corner, qui viendra ternir la prestation rhodanienne, déjà impressionnante en tout point. En fait, c’est même un peu comme si les rôles s’étaient inversés entre deux équipes qui se disputaient un trône qui reviendra logiquement à l’OL.

Marseille, toujours très réaliste dans ses matchs depuis le début de saison même si court niveau effectif, s’est ainsi fait surprendre par des Lyonnais qui pour le coup déploraient pas mal d’absents, mais qui en ont profité pour briller en efficacité. Rien à dire sur l’ensemble des 90 minutes, si ce n’est que même le penalty du début de match n’a rien changé à la donne, Lyon était vraiment plus fort, comme Fastfoot le laissait entendre avant l’opposition. Rémi Garde et ses hommes ont certainement beaucoup appris de leur défaite sévère à Toulouse (3-0) dimanche dernier, ce qui leur a permis de ne rééditer les mêmes erreurs défensives qui avaient déjà privé l’OL de reprendre la tête du championnat. C’est désormais chose faite, et les partenaires d’un Bafé Gomis auteur d’un irrésistible triplé, possèdent maintenant deux longueurs d’avance sur leurs adversaires d’un soir et ainsi que sur le PSG, en autant de matchs joués bien sur. Une preuve que malgré les difficultés financières actuelles non dissimulées par le président Aulas, le club rhodanien avance à toute allure avec sa nouvelle génération, peut-être pas aussi douée que celle des Benzema, Ben Arfa, Remy et autre Mounier, mais au moins aussi culottée. En tout cas il va falloir compter avec ce nouveau leader pour la course au titre, surtout quand on connaît les lacunes du Paris Saint Germain en terme d’envie et de solidarité. Les joueurs de Carlo Ancelotti ont en effet prouvé face à Saint-Etienne en Ligue 1 (défaite 2-1 au Parc) mais également en coupe de la Ligue mardi (0-0, défaite 5-3 aux TAB), ainsi que contre Rennes (revers 2-1) qu’ils étaient prenable, notamment concernant l’état d’esprit général et le manque criant de solidarité dans l’équipe.

A Lyon d’en profiter à présent donc, en attendant que Lisandro, Gourcuff et Lovren, trois pièces indispensables du dispositif de Rémi Garde ne reprennent le chemin de la compétition. Car en janvier prochain, lorsque Paris aura récupéré Lucas Moura et surement d’autres éléments, il sera alors difficile de grappiller des points aux coéquipiers d’un Zlatan Ibrahimovic de plus en plus colérique lorsqu’il n’est pas décisif. En attendant, Lyon réalise un beau tour de force, et devient en même temps que leader, la meilleure attaque de L1 avec Valenciennes (27 buts), en plus d’avoir la quatrième défense malgré le lourd revers à Toulouse (3-0). Bafé Gomis lui compte désormais 9 buts à lui seul au classement des buteurs, à trois unités d’ « Ibra », et permet à l’OL de hisser sa différence de buts à un seuil de +12, à peine moins bon que Paris (+13) et Saint-Etienne (+14). Et même si l’on a souvent tendance à oublier cette statistique, elle aura surement une importance capitale en fin d’exercice, par rapport à l’OM notamment qui affiche un décevant +3. De plus, Lyon n’est tombé que deux fois en 14 rencontres au total, tandis que Marseille en est déjà à quatre défaites en L1. Un bilan qui fera certainement la différence en fin de saison, mais à plus courte échéance à la trêve hivernale, que l’OL compte bien atteindre avec ce statut de leader naturel. Au fond, quoi de plus normal pour l’équipe qui l’a déjà été cinq fois sur 13 avant ce choc ? Reste maintenant à faire durer cette domination avec un prochain test samedi à domicile contre Montpellier !

Damien Chédeville

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