Les chantiers de l’Equipe de France

Avec ou sans Blanc, la construction se poursuivra

Alors que l’avenir de Laurent Blanc à la tête ou non de l’Equipe de France n’est toujours pas résolu – Noël Le Graët et le sélectionneur se sont donnés un « délai supplémentaire de réflexion » -, l’environnement des Bleus, presse, supporters et professionnels du football réunis, milite pour une reconstruction partielle du groupe qui attaquera bientôt les éliminatoires du Mondial 2014 au Brésil. Alors bien évidemment on est bien loin du chantier d’après Knysna, qui laissait au Cévenol une lourde tâche à accomplir, mais tout de même, quelques leçons doivent être tirées d’un Euro sportivement timide et humainement agité. D’abord, et comme le laissait entendre FastFoot dans son papier du 26 juin, le champion du Monde 1998 va certainement réaliser une autocritique sur les choix tactiques qui ont été les siens durant cette compétition. Car avec une équipe talentueuse mais bien trop frileuse, bridée qui plus est par un système cloisonné en 4-3-3, Laurent Blanc a bien constaté que la France ne pouvait pas rivaliser dans le jeu avec les meilleures nations européennes. L’élimination des Bleus face à l’Espagne en quart de finale en a d’ailleurs été l’illustration parfaite, les Français manquant cruellement d’ambition et d’envie dans le pressing. Peut-être une histoire de bridage, d’immaturité ou bien d’attitudes non conformes à la tunique tricolore, comme nous l’avons fait remarqué précédemment.


Bref, le deuxième chantier « public » de cette Equipe de France nouvelle génération concerne bien sur le comportement, l’image et les attitudes que les joueurs tricolores peuvent laisser paraître aux yeux tous. Les épisodes Nasri, Menez, M’Vila et Ben Arfa encore dans les têtes, il est certain que la sélection nationale va devoir s’atteler à donner un reflet plus positif de son visage, afin de ne pas revivre une troisième fois d’affilée des scènes indignes de tels ambassadeurs de notre pays. L’éducation, un maître-mot que va surement adopter Laurent Blanc s’il poursuit l’aventure, ainsi que l’ensemble de la Fédération Française de Football qui doit également véhiculer des valeurs positives. Dans ce sens, il serait peut-être opportun de la part du coach des Bleus, de revoir une partie de l’effectif actuel sous le maillot tricolore, histoire d’appeler des joueurs qui en veulent davantage, et qui se comportent par ailleurs bien mieux, quit à ce qu’ils soient un peu moins talentueux. FastFoot en a déjà parlé, mais pour quoi ne pas appeler (ou rappeler !) des joueurs d’expérience comme Rio Mavuba, Florent Balmont et Jérémy Toulalan entre autre, qui viendraient encadrer de jeunes éléments de Ligue 1 très prometteurs mais peu reconnus. On pense à la volée à des compétiteurs comme Daniel Congré, fraichement arrivé à Montpellier, Mapou Yanga Mbiwa son nouveau coéquipier, le Valencian Jérémy Mathieu très polyvalent ou encore Franck Béria, l’arrière gauche lillois.


Des footballeurs français qui certes, ne font pas se soulever les foules, mais qui dans leurs clubs respectifs donnent assez de gages de confiance et montrent un visage irréprochable. D’autant que si l’Equipe de France doit tout de même s’appuyer sur l’ossature de cet Euro avec les Lloris, Mexes, Clichy, Debuchy, Cabaye, Martin, Valbuena sans oublier Karim Benzema et Olivier Giroud devant, un vent de fraicheur ne fera pas de mal. Encore une fois, il ne s’agit pas de bouleverser à nouveau la colonne vertébrale du groupe tricolore actuel, mais il serait préférable de mettre de côté quelques athlètes qui ont déçu pendant le championnat d’Europe, soit par leurs performances sur le terrain, soit par leurs attitudes en dehors du terrain. Ainsi, les quatre joueurs visés par les critiques d’après élimination devraient être écartés au moins provisoirement, de même que ceux qui ne sont plus à leur meilleur niveau, comme Alou Diarra, patrice Evra, Florent Malouda voire Franck Ribéry. Tout cela dans un esprit de reconstruction partielle dans l’intérêt d’une nation de football qui peine à retrouver les sommets. N’ayons pas peur dans ce sens, de faire appel à plus de joueurs évoluant dans notre championnat de Ligue 1 certes moins attractif, mais si formateur ! Avec en toile de fond, un véritable esprit d’équipe, une volonté de construire sur la durée, et de hisser la France au niveau auquel elle mérite de demeurer.


D’ici la rentrée du mois d’août, on en saura en tout cas davantage, déjà en ce qui concerne la prolongation ou non de Blanc à la tête des Bleus avec un staff amaigri, et avec une vision globale du jeu de l’Equipe de France que l’on espère plus ambitieuse. Car disons-le clairement, aujourd’hui les sélections qui réussissent dans les compétitions internationales ne sont pas celles qui possèdent les meilleurs joueurs du monde. L’Argentine de Lionel Messi, le Portugal de Cristiano Ronaldo, la Hollande de Robin Van Persie rencontrent en effet diverses fortunes dans leurs campagnes, mais plus vraiment de succès depuis déjà quelques années pour certaines. L’Espagne et l’Allemagne, les deux favoris pour la victoire finale dans cet Euro 2012 n’ont en effet pas de « stars » qui éclipsent le reste de l’équipe. Ces deux formations s’appuient sur une somme de très bons joueurs, pour constituer des équipes solides, et qui répondent à tous types de défis, qu’ils soient physiques, techniques ou tactiques. Ainsi, c’est d’une France conquérante, fière et humble dont on rêve au quatre coins de l’Hexagone. Car la Coupe du Monde 2014 va arriver très vite finalement, avec un groupe qui plus est délicat à négocier pendant les éliminatoires pour les Bleus, avec notamment l’Espagne. Tout en sachant qu’il n’y aura qu’une place directement qualificative, synonyme de barrage pour le second… Peu importe au final, si les Tricolores doivent trimer pour prétendre voir le Brésil, tant que nous pouvons tous, Français que nous sommes, être fiers de nos représentants. Alors du changement, il en faut en partie, et maintenant !

Damien Chédeville



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