La France gagne mais perd Thierry Roland

Le dernier soupir d’un grand du foot !

Cette nuit devait être une nuit de fête, suite à la victoire importante de l’Equipe de France dans son deuxième match de poule D de l’Euro face à l’Ukraine (2-0), mais ce samedi 16 juin au petit matin, la vie a décidé d’emporter la plus grande voix du football français. Agé de seulement 74 ans, Thierry Roland, commentateur emblématique, s’est en effet éteint des suites d’un AVC (accident vasculaire cérébral), selon l’un de ses plus proches amis et non moins confrère, Jacques Vendroux. Un départ qui a bien évidemment ému l’ensemble du paysage footballistique tricolore, mais pas que. Plus qu’un simple journaliste, il était ainsi « la » voix du ballon rond dans l’Hexagone, avec le ton et l’humour qui lui étaient si propres, comme ses excès de colère parfois. « Monsieur Foote, vous êtes un salaud » avait-il notamment lâché lors d’un match de qualification pour la Coupe du Monde 1978 lorsque l’arbitre de la rencontre France-Bulgarie siffla un penalty imaginaire. Une petite phrase parmi d’autres, qui a contribué à bâtir l’image de passionné d’un Thierry Roland qui plaisait au plus grand nombre, en énervait aussi certains, mais ne laissait personne indifférent. Aujourd’hui, c’est donc une énorme page du football français qui se tourne, avec la perte de celui qui a commenté pas moins de 13 coupes du Monde et 9 championnats d’Europe pour la télévision et la radio.

En sachant que ce dernier avait convaincu Jean-Michel Larqué de reformer le fameux duo de commentateurs sur M6, à l’occasion de l’Euro en cours, co-organisé en Ukraine et en Pologne. Malheureusement, la paire séparée en novembre 2004 sur une décision de la direction des sports de TF1, n’aura jamais retrouvé le jour, si ce n’est lors du match France-Roumanie, rencontre de qualification pour l’Euro le 6 septembre dernier. La santé vacillante du « grand Thierry » en a ainsi décidé, après plus de 1300 rencontres commentées, Equipe de France, Ligue des Champions et coupes nationales confondues, et une carrière longue de 57 années. Une carrière bien évidemment marquée au fer par ce 12 juillet 1998, lorsque la France de Zinedine Zidane remporte la Coupe de Monde face au Brésil, et à Thierry Roland de conclure : « Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille » ! Tranquille, sans doute l’a-t-il été cette nuit, après la victoire des Bleus devant l’Ukraine, dans son sommeil lorsque son dernier soupir est arrivé. Le symbole d’un « supporter » avant tout, qui haïssait les défaites (ndlr : de l’Equipe de France) et qui exultait dans la victoire. Jamais langue de bois, il aurait sans doute espéré en secret que le groupe de Laurent Blanc efface de la plus belle des manières le fiasco de 2010 en Afrique du Sud.

A présent, les coéquipiers d’Hugo Lloris ont donc un défi supplémentaire, hormis de faire honneur au maillot bleu, c’est celui de jouer en la mémoire de ce grand du foot français que restera toujours Thierry Roland. Et nul doute que le succès face à l’Ukraine, deux buts à zéro à la Donbass Arena vendredi soir a du ravir cet amoureux du fanion bleu blanc rouge. Car avec trois points supplémentaires, quatre au total, et une différence de buts de +2, la France de Laurent Blanc occupe désormais la première place de son groupe D. Certainement le meilleur moyen d’aborder l’ultime rencontre de la poule, face à une équipe de Suède d’ores et déjà éliminé après sa défaite devant l’Angleterre (3-2). Et ce, avec une équipe remaniée qui semble davantage convenir au système en 4-3-3, privilégié par le sélectionneur tricolore. Avec Gaël Clichy au poste d’arrière gauche en lieu et place de Patrice Evra, mais aussi Jérémy Menez sur le flanc droit de l’attaque des Bleus et buteur hier soir, et enfin Samir Nasri repositionné dans un rôle plus créatif, le champion du Monde 1998 semble avoir ainsi trouvé « la » formule gagnante. Une formule qui dans son application, ressemble d’ailleurs bien plus à un 4-4-2 avec Nasri en position de soutien de Benzema, qu’à un véritable 4-3-3 à la barcelonaise. Une bonne nouvelle, saluée par FastFoot qui avait en effet appelé à une modification du système de jeu des Bleus, pour plus d’efficacité.

Ce fut le cas face à l’Ukraine d’un Chevtchenko bien trop isolé, et surtout avec un trio Menez-Cabaye-Nasri plutôt bien inspiré. Les deux premiers ont ainsi contribué au succès de la France en marquant chacun en l’espace de 4 minutes à peine, tandis que le troisième a fait preuve d’une bien meilleure aisance technique, que face à l’Angleterre. Du coup on se dit que l’espoir peut renaître autour de cette Equipe de France qui semble retrouver un fond de jeu intéressant, malgré une assise défensive toujours irrégulière dans l’axe. L’important à présent, reste bien sur de clôturer cette phase de poules en tête du groupe, et donc de remporter le dernier match face à la Suède d’Ibrahimovic et de Källström. Chose qui ne semble pas inatteignable, d’autant que derrière, les quarts de finale peuvent réserver une affiche France-Espagne, si l’une des deux nations termine à la seconde place. Mieux vaut donc assurer, avec un onze qui prend ainsi petit à petit ses marques en Ukraine, avant de gagner la Pologne pour la seconde phase. En tout cas, si d’aventure l’Equipe de France devait aller loin dans cet Euro, il ne fait aucun doute que la force de ce groupe émanerait en partie de la volonté des Bleus et de tout un peuple, de rendre hommage à ce grand homme que demeure Thierry Roland. C’est une certitude, l’Euro 2012 restera celui du départ du « Monsieur foot » de la France, l’homme qui a commenté les plus grandes victoires des Tricolores en compétitions internationales. La renaissance d’un groupe, le dernier soupir d’un grand commentateur, tel est le cours de l’histoire du foot, qui ne prendra elle, jamais fin. Salut l’artiste !...

Damien Chédeville

Dans le même thème :

Enfin convaincants !

http://www.fastfoot.fr/archives/2012/06/06/24437486.html

Article précédent :

Pourquoi Laurent Blanc refuse-t-il le 4-4-2 ?

http://www.fastfoot.fr/archives/2012/06/14/24499979.html

Crédits Photos : melty.fr ;boursier.com