Pourquoi Laurent Blanc refuse-t-il le 4-4-2 ?

Un schéma banni et un grand perdant, Giroud

A quelques heures d’une rencontre cruciale pour l’Equipe de France face à une Ukraine galvanisée par l’organisation de l’Euro, la question de l’efficacité française devant le but se pose. En effet, alors que le schéma préférentiel de Laurent Blanc, ce fameux 4-3-3 à la barcelonaise peine à porter ses fruits, l’ensemble des observateurs du football tricolore s’accorde à dire qu’un changement de système serait plus qu’opportun. Ainsi, pour lutter contre le mutisme des attaquants français dans la surface adverse, et même à ses abords, FastFoot milite pour que le sélectionneur des Bleus tente de rétablir le 4-4-2, banni depuis quelques années maintenant. Seulement cette idée, qui a fleuri dans l’esprit du Cévennol au moment de rencontrer les Etats-Unis en amical en novembre dernier n’a pas convaincu, au point que ce dernier choisisse de revenir au 4-3-3 en seconde période de ce match. Sauf qu’à l’époque, le duo Benzema/Gameiro n’avait pas vraiment eu les arguments pour convaincre, tandis qu’aujourd’hui, l’association du Madrilène avec le meilleur buteur de Ligue 1, Olivier Giroud, semble faire consensus dans l’opinion public. Oui, mais comme Laurent Blanc ne se résout pas à réitérer l’expérience du 4-4-2, il est peu probable de voir évoluer les deux avant-centres tricolores les plus performants du moment.


En tout cas, il c’est ce qu’il laisse paraître en conférence de presse, lorsqu’il est interrogé sur le sujet. Pourtant, la France a manqué cruellement de mouvements au milieu de terrain face à l’Angleterre, malgré une armada d’éléments à vocation axiale. Du coup, si la solution n’arrive pas du centre du rectangle vert, la meilleure alternative semble être le recours à des joueurs de couloirs. Problème, là aussi l’EDF a peiné face aux Three Lions, avec un Mathieu Debuchy bien seul à répéter les efforts sur son flanc droit. En effet, ni Patrice Evra, Florent Malouda et Franck Ribéry à gauche, ni Samir Nasri à droite n’ont daigné occuper les côtés. Si bien que Karim Benzema était obligé de décrocher dans le rond central pour venir chercher des ballons. Un comble pour un système qui fait l’apologie de l’étirement des lignes adverses, au gré d’un jeu léché à partir des relanceurs, jusqu’aux attaquants. Et c’est bien pour cela que le 4-4-2 paraît être la disposition idéale pour développer le schéma dans lequel peut vraiment évoluer la France. Tout le monde ne peut pas se targuer de pouvoir imiter Barcelone et son système qui prône le jeu à une touche de balle. C’est la raison pour laquelle il faut miser aujourd’hui sur des joueurs à qui le champion du Monde 1998 a fait confiance pour cet Euro, à savoir Jérémy Menez, Hatem Ben Arfa et Mathieu Valbuena.


Animer les côtés et durcir les duels dans l’axe devant la défense, voilà ce que fait parfaitement l’Allemagne aujourd’hui, chose qui a permis aux protégés de Joachim Löw de remporter leur deuxième match de poule face aux Pays-Bas, mercredi soir (2-1). Et pour ce faire, le coach germanique n’a pas hésité à faire appel à sa pointe préférée, Mario Gomez, auteur d’un doublé, soutenu dans un rôle de neuf et demi par le talentueux Thomas Müller. Résultat nos voisins vice champions d’Europe se retrouvent quasiment qualifiés pour les quarts de finale de la compétition quand la France va devoir batailler dur pour accéder au même stade. Car que ce soit l’Ukraine d’un Andreï Chevtchenko retrouvé ou la Suède d’un Zlatan Ibrahimovic en grande forme, les prochains adversaires des Bleus ne vont pas leur faire de cadeaux. Seulement, comme Laurent Blanc est convaincu que la France doit évoluer en 4-3-3 et qu’il ne va surement pas se trahir en changeant le système qu’il travaille depuis deux ans à la tête de cette sélection, la tâche s’annonce d’autant plus ardue. Et pourtant, si la façon de jouer de l’EDF ne convient pas, pourquoi ne pas reconnaître simplement la réalité, et tenter de bousculer un temps soit peu les codes. Car on ne cesse d’entendre que le 4-4-2 n’est plus viable en ces temps modernes, alors qu’en une simple déclinaison, il peut débloquer bien des situations.


Alors par cette analyse, FastFoot ne prétend pas détenir les clés de la réussite hypothétique de l’actuelle maison bleue, seulement lorsque l’efficacité fuit depuis plusieurs mois une équipe, il est utile d’envisager d’autres solutions. Sans que l’on verse dans l’aveu de faiblesse, bien au contraire, il semble même que ce soit une forme d’intelligence que d’apprendre de ses erreurs. Et l’erreur dans cette phase de poules de l’Euro ukraino-polonais, serait justement de ne pas laisser la chance à la doublette Benzema/Giroud de se montrer, bien que ces deux n’aient jamais évolué ensemble. Car après tout, qu’est ce que l’Equipe de France risque de plus, qu’une élimination semblable aux deux précédentes lors des dernières compétitions internationales ? Si les Bleus doivent quitter prématurément ce championnat d’Europe, autant que cela se fasse avec un réel pari lancé par Laurent Blanc, du jeu proposé et prises de risque. C’est en cela que réside le recours au 4-4-2, qui permettrait enfin à nos ambassadeurs de se lâcher et de répéter le même football qu’ils pratiquent tout au long de l’année dans leurs clubs respectifs. Car ne nous dévalorisons pas, la France a fière allure, elle demande seulement à être débridée, et à démontrer la créativité qui peut être la sienne. Alors un instant, espérons que le coach tricolore puisse croire en une alternative au 4-3-3, et laisse la chance à Olivier Giroud, d’apporter à cette équipe de talent, ce qu’il peut entreprendre.

En attendant, voici ce à quoi le onze des Bleus pourrait ressembler si « Lolo » décidait d’amorcer « le changement » dès maintenant : Lloris / Clichy, Mexes, Rami, Debuchy / Ribéry, M’Vila (ou Nasri), Cabaye, Valbuena / Benzema,Giroud.


Damien Chédeville



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