LDC : le Trompe-l’œil de l’OM

Une fin de saison en sursis

A chaud, la qualification obtenue par Marseille pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, mardi soir face à l’Inter Milan (défaite 2-1, victoire 1-0 au match aller) a soulevé les foules et éblouit la presse en France. A froid, il est évident que joueurs, staff, entraineur et observateurs sont toujours sur ce fabuleux nuage de bonheur, synonyme de sursis pour le football français, de plus en plus en péril sur la scène européenne. Car disons-le une fois pour toute, ce qu’a réalisé l’OM et pas seulement Brandao, buteur heureux au match retour, c’est assez incroyable. Et ce, même si l’Inter n’est plus vraiment l’équipe victorieuse de la C1, que manageait le grand José Mourinho, il y a deux ans. Malgré tout, et ce n’est pas pour bouder notre plaisir de fervents chauvins, si l’on reconnaît volontiers que Didier Deschamps et ses hommes ont fait preuve d’une ténacité à toute épreuve, on ne peut que rappeler les résultats concrets du club sur le plan national, et craindre pour la fin de saison de cet OM au grand cœur. Car passée l’émotion forte de ce huitième de finale de LDC contre une formation italienne prise à son propre jeu, à savoir la défense, le constat validé par FastFoot la semaine dernière tient toujours.


Traduction, même si les partenaires de Loïc Remy sont qualifiés pour les quarts de finale de la compétition reine en Europe, stade que l’OL n’a pas réussit à atteindre de son côté, le classement du club en Ligue 1 lui n’a pas évolué d’un pousse, depuis la dernière des quatre défaites consécutives en date, face à l’AC Ajaccio, vendredi dernier (1-0). En effet, Marseille est toujours relégué à une modeste huitième place, qui ne permet même pas, virtuellement, aux Phocéens d’espérer accrocher la Ligue Europa. Et pourtant, à en croire le discours du président Labrune, l’OM a cultivé une dépendance financière vis à vis de la Ligue des Champions. Malheureusement, les 39 points actuels, à quelque huit longueurs du podium, ne permettent pas à l’état major olympien de faire des plans sur la comète. Et au final, la meilleure chance que possède aujourd’hui Marseille, c’est de pouvoir disputer la finale de la Coupe de la Ligue face à Lyon le 14 avril prochain. Car il ne faut pas se leurrer, la LDC est inatteignable à 11 journées de la fin du championnat, sachant que même si Lille connaît une forte baisse de niveau, Saint-Etienne, Rennes, Lyon et même Toulouse lorgnent sur cette troisième place qualificative pour le troisième tour préliminaire de cette Ligue des Champions.


Bref, si l’on rajoute à cela le fait que Marseille peut très bien tomber sur le Real Madrid, Barcelone ou même le Bayern Munich en quart de finale de la compétition, et donc voir s’envoler toute chance de poursuivre le rêve européen, il ne reste que très peu de motifs de satisfaction à l’OM. Si ce n’est, encore une fois, ce supplément d’âme si représentatif de l’esprit et de l’environnement du club, qui a permis aux coéquipiers de Steve Mandanda de passer cet obstacle Inter Milan. Difficile en effet dans ces circonstances, de ne pas évoquer à nouveau l’épopée de 1993 avec l’ascension et le sacre de la génération Deschamps, emmenée par un providentiel Basile Boli. Pourtant, la nostalgie n’a jamais fait avancer un groupe, au point de le voir gravir les sommets, au contraire. En atteste la descente aux enfers qu’a connu l’AS Monaco, avec cette chute dans la zone de relégation de Ligue 2, après avoir connu la gloire au quasi sommet de l’Europe à peine dix ans plus tôt (finale LDC 2004 face  Porto). La prudence est donc de mise, au lendemain de cet exploit réalisé par la bande à Mathieu Valbuena, le lutin marseillais qui avait offert à l’OM en décembre dernier, sa place pour les huitièmes à Dortmund.


Aujourd’hui, Marseille ne peut pas se permettre de miser sa fin de saison sur une Coupe d’Europe qui ne laisse que peu de place aux exploits, quoique l’Apoël Nicosie y a cru à juste titre contre l’OL. Non la sagesse serait au contraire de mobiliser toutes les forces de cet effectif talentueux pour le championnat, afin d’accrocher la meilleur place possible au classement. Que ce soit pour sauver ce qui est possible de sauver au niveau des droits TV de la saison prochaine, ou pour assurer une participation hypothétique à la Ligue Europa, un moindre mal au regard des derniers résultats de l’équipe phocéenne. C’est d’ailleurs ce à quoi va devoir s’atteler le Lyon d’Hugo Lloris, qui a repris quelque peu confiance avec la victoire obtenue devant Lille, samedi dernier au Stade Gerland. Car jusqu’à preuve du contraire, même si les Rhodaniens possèdent quatre points de plus au classement du championnat par rapport à l’OM, le défi reste exactement identique pour les joueurs de Mr Jean-Michel Aulas, à savoir sauver les meubles en vue de la saison prochaine. Soyons réalistes en effet, supporters ou non de Marseille, en Europe ou sur le plan national, la Ligue des Champions ne doit pas être un écran de fumée, au travers des réels problèmes sportifs et financiers du club. En attendant, messieurs, il va falloir se mettre à jouer !

Damien Chédeville



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