Monaco prend l’accent russe

Une survie indispensable

Vendredi soir dernier, à la veille du réveillon de Noël, se tenait un conseil d’administration extraordinaire à Monaco, concernant l’avenir de l’ASM FC, actuellement 20° de Ligue 2. A l’issue de cette réunion, à laquelle ont bien sur assisté SAS le Prince Albert II, ainsi que le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, ce dernier a été officiellement nommé actionnaire majoritaire du club, et ce, à hauteur de 66,67% comme l’a précisé le site internet de l’ASM, dans un communiqué. Ainsi, le résident monégasque a fait l’acquisition de deux tiers des parts du club du rocher, par le biais d’une holding lui appartenant, à savoir Monaco Sport Invest (MSI). Ce qui en fait d’ores et déjà, avant validation de la transaction par la DNCG bien évidemment (attendue début janvier), le nouveau président du conseil d’administration, où vont d’ailleurs siéger cinq autres représentants de MSI, ainsi que trois ambassadeurs de l’ASM FC dont Etienne Franzi. L’actuel président étant toujours en attente de savoir s’il va poursuivre l’aventure à la tête de l’institution ou non. Bref, le fait que le Palais cède pour la première fois le pouvoir à une entité étrangère à la Principauté, marque un tournant dans l’histoire du club.


Pire, les quelques 33% du capital que garde symboliquement le Palais, traduit de manière assez évidente, la volonté du souverain monégasque, de déléguer enfin le pouvoir à un investisseur solide, capable de déployer suffisamment de moyens pour faire rebondir le club. Car de fait, la situation sportive de l’ASM en cette fin d’année 2011 est catastrophique. Reléguée en Ligue 2 en fin de saison dernière, la formation actuellement entrainée par Marco Simone n’a pas supporté cette descente aux enfers, ayant engendré une vague de départs incroyable. Au point qu’à la veille de la reprise du championnat, Monaco se retrouve dernier du classement de seconde division avec seulement 13 points au compteur. Cette mascarade ne pouvant donc plus durer, il fallait agir et c’est ce que le Prince Albert a fait, avant que le sort ne s’acharne davantage. Et comme l’argent venu de l’étranger fait toujours parler, notamment FastFoot avec l’exemple du PSG, les réactions à ce rachat partiel n’ont pas tardé. A commencer par les historiques du club, qui se sont globalement satisfait de la décision prise par le Prince, premier soulagé.


Dans les médias, Ali Benarbia, Emmanuel Petit et Rolland Courbis pour ne citer qu’eux, se sont ainsi succédés pour saluer l’arrivée d’un tel investisseur, prêt à déployer 100 millions d’euros sur quatre ans dans un premier temps, puis davantage si besoin. Malgré tout, et même si l’en dépendait de l’avenir du club, on ne peut omettre la possibilité que l’ASM FC perde une partie de ce qui a fait son identité et son palmarès, à savoir la réussite de son centre de formation. En effet, alors que les -19 ans monégasques ont remporté la Coupe Gambardella lors de l’exercice précédent, on ne peut imaginer que le club se mette à négliger cet élément indispensable du développement. Un élément qui a notamment permis à l’ASM de glaner sept titre de champion de France, cinq Coupes de France et une Coupe de la Ligue, en plus des parcours brillants réalisés dans les Coupes d’Europe en 1992 et 2004 notamment. Or, aujourd’hui le patron est Russe, et s’il décide d’investir majoritairement dans des joueurs extérieurs à l’environnement monégasque, le Palais pourra difficilement l’en dissuader.


Et ce, bien que certaines conditions aient été posées par le Prince Albert lui-même, notamment en ce qui concerne la composition du conseil d’administration, la visibilité sur le prochain organigramme et surtout un droit de veto sur la nomination d’un futur président du club. Bref, si l’affaire semble somme toute bien ficelée, Monaco est désormais le cul entre deux chaises, alors même que l’équipe est au fond du trou. Reste donc à savoir quelles vont être les premières décisions du nouvel homme fort du Rocher, « roi de la potasse » dans son pays, mais avant tout « passionné de foot et de l’AS Monaco » comme il a pu le déclarer après coup. Car à quelques jours de la reprise de l’entraînement, mais surtout à quelques encablures du mercato d’hiver, Dmitry Rybolovlev va devoir jouer intelligent. Non seulement pour montrer au Prince que sa passation de pouvoir n’est pas vaine,  mais également pour prouver à tous les observateurs que Monaco a encore potentiellement un avenir au sommet du football français. C’est en tout cas ce qu’espèrent plus que tout les supporters de l’ASM FC, et les anciens et non moins amoureux du club, qui y sont passés il y a 5, 10 ou 20 ans. Pourvu que ce Monaco à la sauce russe prenne rapidement…

Damien Chédeville



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