Le LOSC défend déjà SES titres

Un doublé qui ouvre l’appétit

Alors que l’Olympique Lyonnais a officialisé hier soir le limogeage de son « entraîneur général », Claude Puel, et que l’affaire devrait être portée devant le tribunal des Prud’hommes par l’intéressé lui-même, Lille de son côté aborde tranquillement la saison à venir. En effet, le club du président Michel Seydoux, même séparé de deux de ses anciens piliers, Adil Rami et Yohan Cabaye, ne semble pas s’affoler de cette situation à neuf jours de la reprise de l’entraînement prévue donc pour le jeudi 30 juin. Et ce, bien que la présidence soit également en discussion avec Arsenal, en vue d’un départ probable de l’un si ce n’est LE meilleur joueur de notre championnat de France, l’Ivoirien Gervinho. La raison est simple, au LOSC, on est habitué depuis des années à se faire piller, sans pâtir plus que cela par la suite de la perte d’éléments clés de l’effectif du club nordiste. Bastos, Abidal, Makoun, Bodmer, Keita, les frères Cheyrou… on ne compte même plus le nombre de joueurs raflés en grande partie par l’OL, l’OM et le PSG. Mais cette saison, alors que l’institution lilloise vient de remporter un historique doublé Coupe de France - Championnat, il est vrai qu’on se demande comment le LOSC va pouvoir gérer certains départs, au moment de défendre deux titres majeurs ?


La réponse paraît  pourtant évidente, à l’image de la sérénité que laisse transparaître le « patron » de la maison, ainsi que son homme de confiance, l’entraîneur Rudi Garcia, Lille va jouer sur la stabilité. Ainsi, si l’on excepte le mouvement de folie entraperçue dans les médias, lors du sacre de la bande de Rio Mavuba, le LOSC reste plus ou moins à l’abri du tapage médiatique permanent qui touche aujourd’hui davantage le Paris Saint Germain et ses nouveaux actionnaires qataris. Pas un jour ne passe en effet, sans qu’on ne débâte de l’arrivée de ces étrangers dans le capital du club francilien, des spéculations autour de  leurs intentions en terme de transferts, ou bien de l’annonce collatérale faite par la chaine de télévision qatarie Al Jazeera, qui s’est porté candidate à une partie des droits TV délivrés par la Ligue pour notre championnat national. Bref, si l’on ajoute à cela le brassage quotidien autour de l’OL, qui a viré son coach comme un mal propre, ainsi que l’activité pour le moins hésitante de l’OM en ce début de mercato crucial, Lille passe bien évidemment à travers.


Un retour à la normal qui ne doit surement pas déplaire au président Seydoux, qui pendant ce temps-là, peut s’occuper tranquillement des dossiers en cours, concernant les futurs nouveaux visages du LOSC. Et comme pour coller à l’image de marque du club, autant dire que les nordistes, ne vont pas faire dans le clinquant. Ainsi, alors que les coéquipiers du phénomène Eden Hazard, ont déjà eu connaissance l’arrivée de l’ancien meneur d’Auxerre, l’expérimenté Benoît Pedretti (signature prévue début juillet), seuls deux ou trois joueurs sont encore attendus. Pedretti devant remplacer numériquement Cabaye, il se murmure que le Monténégrin Marko Basa, ancien manceau sous les ordres de Rudi Garcia, pourrait venir suppléer Adil Rami, parti en Espagne à Valence. Tandis qu’en cas de départ confirmé de Gervinho, Lille serait tenté de recruter le Stéphanois Dimitri Payet, jugé plus accessible que le nouveau chouchou des Bleus, Marvin Martin. Une vision somme toute logique de la gestion d’une formation de premier plan par le directoire nordiste, alors que l’on aurait pu assister à un emballement plutôt légitime d’un récent champion.


Bien au contraire, la formation, la stabilité et la sérénité sont les maîtres mots de la machine lilloise depuis le début des années 2000, et ça paye. Alors s’il est aujourd’hui très compliqué de savoir si Moussa Sow, meilleur buteur de L1 cette saison, et ses partenaires vont pouvoir rééditer le parcours épique de la saison passée, il paraît certain que Lille se dirige vers une période de lutte au plus haut niveau, avec les meilleurs formations de France et d’Europe. Certains parlent de nouveau « Lyon », un Lyon des années 2010. Mais il convient davantage de tempérer ce sentiment, en précisant qu’un champion d’un jour n’a jamais fait un champion de toujours, et que le plus dur à ce niveau de performance, c’est bien de conserver des titres, et non de les remporter pour la première fois. C’est donc une saison charnière qui se dresse devant le LOSC, alors que Rudi Garcia, le coach nordiste, a réussi à conserver pour l’instant la colonne vertébrale de son onze type, avec l’axe Landreau-Mavuba-Hazard-Sow. Un exploit, quand on sait qu’aujourd’hui un joueur de 18 ans, auteur de quelques bribes de matchs dans l’élite peut prétendre signer pour le Real Madrid, dixit Raphaël Varane. A Lille, on est bien loin de ces considérations, et chacun reste à sa place. Pourvu que ça dure…

Damien Chédeville


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